Rentrée scolaire à Arras : "J'y vais avec détermination mais il y a une petite inquiétude", confie un prof d'histoire du lycée Gambetta-Carnot

Elèves et professeurs reprennent le chemin du lycée d'Arras, trois semaines après l'assassinat de Dominque Bernard.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le 16 octobre 2023, des enseignants s'étaient retrouvés pour un temps d’échange au Collège-lycée Gambetta-Carnot d'Arras après l’attentat du vendredi 13 octobre dans lequel leur collègue, Dominique Bernard a été tué. (STEPHANE BARBEREAU / RADIO FRANCE)

"J'y vais avec détermination mais il y a une petite inquiétude", confie sur France Bleu Nord François Duceppe-Lamarre, professeur d'histoire-géographie, qui fait sa rentrée au Lycée Gambetta-Carnot d'Arras trois semaines après la mort de Dominique Bernard. Le 13 octobre, un jeune homme radicalisé s'était infiltré dans l'établissement scolaire et avait tué le professeur de français.

Aujourd'hui, les collègues de Dominiqe Bernard et tous les élèves retournent à l'école après deux semaines de vacances, dans un climat pesant. "Ces vacances sont bien tombées pour mettre à distance, mettre un peu de baume au cœur, estime François Duceppe-Lamarre qui espère "entamer le plus sereinement possible le retour".

"On est dans une phase de reconstruction."

François Duceppe-Lamarre, professeur d'histoire-géographie au Lycée Gambetta-Carnot d'Arras

à France Bleu Nord

"Il ne faut pas baisser les bras et il ne faut pas développer de phobie, en revanche, il y a aussi une tristesse face au deuil de Dominique Bernard. Il ne sera plus là, avec nous, ça crée un vide". Le prof d'histoire affirme : "J'y vais avec détermination, mais il y a une petite inquiétude, non pas reliée à un éventuel deuxième attentat, mais simplement au fait que c'est un retour sur un lieu de vie qui a été souillé, c'est psychologique, il faut entrer par la porte où a été tué notre collègue et ami".

La sécurité des établissements renforcée

Pour rassurer les professeurs, les élèves et leurs parents, le maire d'Arras, Frédéric Leturque, a renforcé la sécurité des établissements scolaires de la ville pour cette rentrée. "De manière concrète, on a, par exemple, vérifié l'ensemble des sonnettes et des visiophones aux entrées des écoles, on a essayé de vérifier que l'ensemble des portes et des fenêtres étaient en capacité d'être fermées, on a essayé avec le plan Vigipirate de renforcer l'organisation des accès à l'extérieur de l'école. On a essayé aussi de revisiter l'ensemble des écoles pour que s'il y a un confinement, on puisse obstruer en quelque sorte la visibilité qu'on peut avoir de l'extérieur, à l'intérieur des bâtiments", détaille l'édile. La municipalité a consacré "500 000 euros au global d'investissements en matière de sécurité dans les écoles, ce n'est pas neutre. Il y a des choses qui ont été faites pour la rentrée et il y a des choses qui seront faites d'ici la fin de l'année", indique le maire.

Aucun moment spécifique n’était prévu lundi matin à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, mais les professeurs ont pu se réunir pendant les vacances. "On a eu la possibilité avec une vingtaine de collègues de se retrouver à l'appel de l'amicale des professeurs dans la cour pour planter plusieurs centaines de bulbes de fleur, des tulipes notamment qui fleuriront au printemps, et nous avons aussi planté un chêne-liège", raconte au micro de France Inter, Ludovic Sauvage, enseignant d’allemand. "C'est un symbole auquel on tenait, un chêne-liège, symbole de résilience et d'auto-guérison. Ça nous a permis de nous retrouver, de mettre les mains dans la terre, de reprendre un peu plus possession des lieux. On espère tous que ça va nous aider à mieux reprendre", pense le professeur. Dans le Pas-de-Calais, environ 70 incidents ont été recensés dans les écoles lors de la minute de silence en hommage à Dominique Bernard, rappelle France Bleu Nord.

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