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"Comment peut-il parler en notre nom ?" : après l'attentat dans un lycée d'Arras, la sidération et l'inquiétude de la communauté musulmane de la ville

Au lendemain de l'attaque au couteau au lycée Gambetta, la communauté musulmane d'Arras (Pas-de-Calais) a l'impression d'être prise entre le marteau et l'enclume
Article rédigé par franceinfo - Morgane Heuclin-Reffait
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La grande mosquée d'Arras (Pas-de-Calais), le 14 octobre 2023 (MORGANE HEUCLIN-REFFAIT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après l'attaque au couteau perpétrée dans le lycée Gambetta d'Arras (Pas-de-Calais), la communauté musulmane de la ville est encore sous le choc : " Le choc qu'on a ressenti, il est sincère, raconte Kadoor, la voix encore tremblante, à franceinfo. Ce gars-là, si ça se trouve, il n'a jamais fait la prière de sa vie." Il se pose cette question : " Comment peut-il parler en notre nom ?

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Pour Kadoor, " l'école, c'est sacré. On ne touche pas à l'école. Nos enfants sont tous passés par cet établissement. Comment pouvez-vous ne pas être choqué ? Et ça, nous on ne peut pas l'admettre. Qu'on soit musulman, chrétien, athée, on ne peut pas l'admettre.

"Ce n'est pas parce qu'il dit 'Allah Akhbar' qu'il est musulman, ce n'est pas l'image que doit donner un musulman."

Toumi, fidèle de la grande mosquée d'Arras

à franceinfo

Un autre fidèle de la grande mosquée d'Arras, Toumi, fait la différence : " S'il veut faire ça, on distingue : ça n'engage que lui, pas la communauté. Celui qui se dit musulman, il a autre chose que ça et des valeurs à montrer." L'homme qui donne aussi des cours d'éducation civique précise : " Le premier verset coranique qui a été révélé au Prophète, c'est : 'Lis'. Le savoir est quelque chose d'incomparable."

Le poids de l'actualité au Proche-Orient

Il souhaite du courage aux victimes et ne veut pas d'amalgame entre terrorisme et islam, même si Mohammed les redoute un peu : " Même ici à la mosquée, on a peur, on a peur", répète-t-il à franceinfo. Avant même cette attaque terroriste, Saïd raconte que le contexte international rendait la situation pesante. " À cause de la Palestine, j'ai été provoqué dans l'ascenseur. Ils ont dit 'Vous les musulmans, vous aimez le sang ?', raconte-t-il. Je dis 'Monsieur, moi je n'ai rien à voir là dedans'. Nous, on fait partie de la France. Je vais vous dire franchement, quand je monte l'ascenseur, je fais deux fois plus attention." Il appelle à la paix et au vivre-ensemble.

Le reportage de Morgane Heuclin-Reffait dans la communauté musulmane d'Arras

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