Assaut du Tanit : polémique autour du choix de l’unité d’élite
C’est pas leur métier de libérer des otages !".
_ Le pavé est lancé dans la mare par le "père" du GIGN, Christian Prouteau. Sur France Info, l’ex-gendarme de choc affirme que, 35 ans après sa création, le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale reste la seule unité d’élite spécialisée dans ce genre d’intervention. Aux militaires la "mission de faire la guerre", mais lorsque la vie d’innocents est en jeu, la situation exige des "qualités de tireur et de négociation" notamment, qui relèvent davantage "du domaine civil que de la guerre", poursuit Prouteau.
Car cela fait 35 ans que le GIGN montre ce qu’il sait faire en la matière : quand la précision du feu ("on privilégie la qualité du tir à la quantité de munitions") préserve au maximum les otages. Alors, Christian Prouteau ne comprend pas que, pour aller libérer les occupants du Tanit, l’on n’ait pas fait appel au GIGN.
"Les gens les mieux préparés"
Mais alors, les gendarmes auraient-ils fait mieux que les commandos-marine ? En clair, la vie de l’otage abattu au cours de l’opération aurait-elle pu être sauvée si l’on avait mobilisé le GIGN ? "En employant les gens les plus préparés à ce métier, on avait le maximum de chances de réussir", répond Christian Prouteau.
Le ministère de la Défense balaye les critiques d’un revers de la main. Son porte-parole Christophe Prazuck, assure que l’unité déployée sur le Tanit est "parfaitement entraînée pour ce type d’opération et tout à fait apte à libérer des civils". C’est d’ailleurs cette même unité, le commando Hubert, qui était intervenue en septembre dernier lors d’un précédent acte de piraterie, sur le Carré d’As. Le savoir-faire du commando Hubert dans la reprise de bateaux en pleine mer est "internationalement reconnu", précise encore Christophe Prazuck. "Les choses changent", poursuit-il. Et ce qui était vrai il y a encore 20 ou 30 ans, ne l’est plus forcément aujourd’hui…
Polémique nulle et non-avenue donc. Même si cela n’obère pas la responsabilité éventuelle des militaires français dans la mort du propriétaire du Tanit, Florent Lemaçon. Le ministre de l’Intérieur l’a rappelé hier soir sur France 2, une enquête judiciaire est en cours, une autopsie sera pratiquée qui dira quel type de balle – et quel "camp" – a touché le skippeur. "Je dirai la vérité", a encore promis Hervé Morin.
Gilles Halais
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.