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Aulnay-sous-Bois : "Tous les ingrédients sont là" pour retomber dans les émeutes de 2005

Cinq jours après la violente interpellation de Théo, le porte-parole de l'association AC le Feu, Mohammed Mechmache, prévient mercredi sur franceinfo que "tous les ingrédients sont là" pour retomber dans les émeutes de 2005.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le porte-parole de l'association AC le Feu, Mohammed Mechmache, le 12 mars 2012. (BERTRAND GUAY / AFP)

Cinq jours après l'interpellation de Théo et la mise en examen de quatre policiers, dont l'un pour viol avec arme, la colère a persisté dans la nuit de mardi 7 à mercredi 8 février. Notamment à Clichy-sous-Bois, près d'Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, où l'association AC le Feu a vu le jour en 2005.

Son porte-parole Mohammed Mechmache, par ailleurs co-fondateur de la coordination d'association "Pas sans nous", estime mercredi sur franceinfo que depuis les émeutes de 2005, les tensions entre la police et la population sont toujours présentes. 

franceinfo : Depuis les émeutes de 2005, rien n'a changé ?

Mohammed Mechmache : Il y a dix ans, on pointait déjà ce problème de la relation entre la police et la population. On est encore sur ces sujets-là. Les tentatives de se mettre autour d'une table ont eu pas mal de blocages, y compris avec des syndicats de police. Quand on parle du contrôle au faciès, c'est récurrent, c'est humiliant, c'est une réalité. Ceux qui la nient, je pense qu'ils sont dans le déni. Ce qui s'est passé avec Théo et Adama Traoré, il faut que la justice joue son rôle et démontre que quand on fait des choses inacceptables, ce soit puni par la loi.

La violence appelle à la violence, et on ne sait pas qui est au départ, jeunes ou policiers ?

Si on regarde bien, c'est souvent à cause de contrôles qui tournent mal. Il y a un vrai sujet là-dessus. Est-ce qu'aujourd'hui un citoyen d'un quartier populaire a les mêmes droits et la même égalité qu'un autre, je n'ai pas l'impression. [...] Sans compter le taux de chômage énorme, les discriminations qui sont un vrai sujet, qu'on a balayé parce qu'on ne parle plus que de radicalisation.

Des solutions ont été proposées : le récépissé de contrôle d'identité ?

Certains maires étaient prêts à faire l'expérimentation. Pourquoi n'a -t-on pas été au bout ? Il faut bien qu'on cherche des solutions pour la relation police-population. On se retrouve avec certains élus qui ne sont pas spécialement d'accord, des syndicats de police qui ne veulent clairement pas en entendre parler. Je trouve ça dommage, parce que les dommages collatéraux, on est en train de les vivre.

Peut-on retomber dans les émeutes de 2005 ?

Tous les ingrédients sont là. Ce qui m'inquiète c'est le degré de violence qu'il peut y avoir. Je ne crie pas au loup, ce n'est pas du tout dans notre intérêt, mais j'ai juste peur que ce degré de violence augmente entre ce qu'on a vécu en 2005 et ce qui est en train de se passer. J'ai entendu qu'on a tiré avec des balles réelles. La justice a mis presque 11 ans pour l'affaire de Zied et Bouna. Et Théo sera marqué à vie. Il faut se dire que ce n'est pas comme ça qu'on envoie des signes aux citoyens des quartiers. Ils méritent qu'on les considère comme des citoyens à part entière.

La politique de la ville, qui compte deux ministres, se fait trop discrète ?

On n'arrête pas de dire qu'on a mis énormément d'argent dans les quartiers. Est-ce que cet argent a été bien fléché ? A quoi a-t-il servi ? Est-ce qu'on est prêt aujourd'hui à nous entendre ? Faisons en sorte que le ministère de la Ville n'ait pas besoin d'aller quémander d'autres ministères pour aller chercher des crédits. Le ministère de la Ville doit être pour moi le numéro 2 d'un gouvernement.

Mohammed Mechmache : "Si on regarde bien, c'est souvent à cause de contrôles qui tournent mal."

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