Après Outreau, la justice examine la responsabilité du procureur Lesigne
Treize personnes accusées à tort d'abus sexuels sur des enfants avant leur acquittement retentissant lors de deux procès en 2004 et 2005. De l'affaire d'Outreau, l'un des plus importants scandales judiciaires de ces dernières années, la justice se devait de tirer des leçons.
C'est pourquoi Pascal Clément, garde des Sceaux de l'époque, décide en 2006 de saisir le Conseil supérieur de la Magistrature. Qui est chargé d'examiner les responsabilités du juge Fabrice Burgaud et du procureur de la République Gérald Lesigne.
Le dossier du juge Burgaud - dont la responsabilité dans le fiasco judiciaire a été pointée du doigt par les acquittés et leurs avocats - est toujours en cours d'instruction au CSM. En revanche, l'examen final du dossier du procureur Lesigne a lieu aujourd'hui, demain et mercredi, avec l'audition du principal intéressé et de plusieurs de ses collègues boulonnais.
"Nous attendons que soit reconnue la loyauté de Gérald Lesigne" affirment ses avocats. Le procureur "n'a pas commis de faute disciplinaire et n'est pas responsable du glissement de la procédure".
Un "manque de rigueur"
Mais selon la chancellerie, Gérald Lesigne n'est pas exempt de tout reproche. Il aurait notamment "manqué de rigueur", et négligé de tenir informée sa hiérarchie de l'avancement du dossier. Il aurait également "accrédité l'existence d'un réseau pédophile aux dimensions internationales" sans que cela soit corroboré par l'enquête.
Cela constitue-t-il des "atteintes aux devoirs de loyauté et de rigueur qu'imposent l'état de magistrat, et plus particulièrement celui de chef de parquet", comme le pense la chancellerie ? Le Conseil supérieur de la Magistrature rendra sa décision dans les prochaines semaines. Et en fera part à la garde des Sceaux, Rachida Dati, qui aura le dernier mot : relaxe, réprimande, voire révocation.
Céline Asselot
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