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Annecy : ce que l'on sait de l'attaque au couteau qui a fait six blessés, dont quatre enfants en bas âge

Les faits se sont déroulés dans un parc, où un suspect a été arrêté. Le pronostic vital de trois blessés est engagé.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Des policiers, pompiers et militaires sur le lieu d'une attaque au couteau contre des enfants, le 8 juin 2023 à Annecy (Haute-Savoie). (TOM PHAM VAN SUU / LE DAUPHINE / MAXPPP)

Stupeur et inquiétude à Annecy (Haute-Savoie). Un homme a attaqué au couteau un groupe d'enfants, jeudi 8 juin, dans un parc de la ville. Un suspect a été interpellé par la police, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur Twitter. Le bilan est de six blessés, dont quatre enfants en bas âge, selon la préfecture de Haute-Savoie. 

Une enquête a été ouverte pour "tentatives d'assassinat" et il n'y a "aucun mobile terroriste apparent", a déclaré la procureure d'Annecy aux côtés d'Elisabeth Borne près des lieux du drame. "Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable", a réagi la Première ministre. Voici ce que l'on sait de cette attaque.

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Une attaque au couteau dans un parc

Jeudi matin, peu après 9h30, un homme s'en est pris à un groupe d'enfants avec un couteau dans une petite aire de jeux, dans le secteur du Pâquier, un parc qui borde le lac d'Annecy, a appris franceinfo de source policière.

"On a vu une personne attaquer des enfants dans des jeux, des petits. Manifestement, c'était sa cible", rapporte un témoin de la scène à France Bleu. "Après, des personnes ont essayé de l'effrayer, il s'est éloigné et la police est intervenue. Il parlait anglais. (...) Le gars était confus."

"Je courais au bord du lac. Et je vois, tout d'un coup, des dizaines de personnes qui courent dans le sens contraire de moi. Une maman me dit : 'Courez ! Courez ! Il y a quelqu'un qui poignarde tout le monde, il a poignardé des enfants'", raconte un autre témoin, l'ancien joueur de football Anthony Le Tallec, sur Instagram. Ce dernier dit avoir vu l'assaillant, poursuivi par des policiers, poignarder un homme âgé : "Il l'attaque une fois, deux fois, et là [les policiers] commencent à tirer. Ils tirent devant moi sur la personne. Il tombe à terre. Mais bon, le papy était déjà touché." Sur Twitter, Gérald Darmanin a salué "l'intervention très rapide des forces de l'ordre" pour mettre fin à l'attaque.

La préfecture a annoncé avoir ouvert une cellule d'information destinée au public.

Selon une vidéo de l'attaque consultée par franceinfo, l'assaillant a dit deux fois "au nom de Jésus Christ" en anglais ("In the name of Jesus Christ"). Au moment où il prononce ces mots, l'homme montre le pendentif qu'il porte autour du cou. Une croix a par ailleurs été retrouvée sur lui, après son interpellation, précise une source proche de l'enquête à franceinfo.

Six blessés dont quatre enfants

L'attaque a fait "six victimes, dont quatre enfants", a précisé la préfecture de Haute-Savoie à la mi-journée. Vers 15 heures, lors d'une conférence de presse, la procureure de la République d'Annecy a précisé que quatre mineurs se trouvaient en urgence absolue, tandis que, parmi les deux victimes majeures, l'une avait été touchée "plus légèrement".

"Ils ont été transférés dans divers établissements hospitaliers du ressort et en Suisse", a ajouté Line Bonnet-Mathis. La magistrate a spécifié l'âge des enfants blessés : un bébé de 22 mois, deux enfants de 2 ans et un enfant de 3 ans. "Il y en a un qui est de nationalité néerlandaise et un qui est de nationalité anglaise. C'étaient des touristes", a-t-elle expliqué.

L'homme suspecté d'avoir commis les faits est actuellement en garde à vue. Il n'est "pas blessé ou très légèrement", a ajouté la procureure.

Un suspect de nationalité syrienne

Un suspect a été interpellé sur place, a annoncé Gérald Darmanin. Selon nos informations, il portait une carte d'identité correspondant à un homme né en 1991, de nationalité syrienne. Arrivé en 2013 en Suède, il est entré légalement en France en novembre dernier et y a déposé une demande d'asile. Mais la procédure n'a pas abouti car il avait déjà obtenu le statut de réfugié en Suède.

Elisabeth Borne a confirmé en conférence de presse qu'il s'agissait d'un "individu isolé", un "Syrien qui a le statut de réfugié en Suède depuis dix ans". Le suspect est un sans-domicile-fixe qui n'a ni antécédent judiciaire ni antécédent psychiatrique, a précisé la procureure.

Auprès de l'AFP, son ex-femme a affiché son incrédulité. "Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé, ce que vous me dites, c'est terrible. Mais je n'ai pas eu de contact avec lui, je ne sais pas où il vit, ni comment il va psychologiquement", a-t-elle confié, sous couvert de l'anonymat. "Lui ? (...) Mon Dieu, il était très gentil, je ne comprends pas", a-t-elle ajouté en apprenant la nouvelle. Elle dit l'avoir rencontré en Turquie et avoir divorcé de lui il y a quelques mois.

Selon elle, le départ de son ex-mari est lié au fait qu'il n'a "pas réussi à obtenir la nationalité suédoise". "Je n'ai plus beaucoup de nouvelles, il s'est montré très fuyant. Il m'a appelée il y a quatre mois, il habitait dans une église. Mais je n'en sais pas beaucoup plus, il est surtout en contact avec sa famille qui vit aux Etats-Unis", a expliqué la jeune femme.

Des témoins interrogés par France Bleu et France 3 affirment avoir reconnu l'assaillant et le décrivent comme un habitué du parc. "Il était sur le Pâquier depuis environ deux mois", affirme ainsi à France Bleu une femme travaillant sur les lieux. "Il était là tous les matins, du matin au soir, et tout le monde l'avait repéré un peu parce qu'il était tout seul. On se disait : 'C'est qui ? Il est bizarre' mais par contre, il nous disait bonjour."

Le motif de l'attaque encore inconnu

Les motivations de cette attaque restent inconnues. Le Parquet national antiterroriste répond à France Télévisions qu'il ne s'est pas saisi "pour l'heure", mais étudie la situation. Une enquête a été ouverte pour "tentatives d'assassinat" et il n'y a "aucun mobile terroriste apparent", a de son côté annoncé la procureure d'Annecy. Le suspect "va être entendu sur ses motivations, qui restent aujourd'hui à déterminer", a encore déclaré la magistrate.

Des réactions politiques immédiates

Gérald Darmanin a confirmé l'attaque par un tweet saluant l'intervention des forces de l'ordre. Dans la foulée, Matignon a annoncé que la Première ministre, Elisabeth Borne, se rendait à Annecy, tout comme le ministre de l'Intérieur.

Sur Twitter, le président Emmanuel Macron a dénoncé une "attaque d'une lâcheté absolue". "La Nation est sous le choc. Nos pensées les accompagnent ainsi que leurs familles et les secours mobilisés", a-t-il poursuivi.

A l'Assemblée nationale, les députés ont interrompu leurs débats pour respecter une minute de silence.

Annecy
Annecy Annecy (FRANCEINFO)

"Une nouvelle fois, nos enfants sont la cible de l'augmentation des violences dans notre société. (...) Cet acte ne pourra pas rester impuni", a réagi la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel, sur Twitter. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a adressé ses pensées "aux victimes et à leurs familles". Le maire d'Annecy, François Astorg, a condamné une "effroyable attaque".

De nombreuses autres personnalités politiques ont réagi. C'est notamment le cas du président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, de l'ancien candidat de La France insoumise à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, et de la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, Marine Le Pen.

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