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Procès Merah : à l'audience, le grand frère nie avoir appelé à "des actions violentes"

Abdelkader Merah a été entendu, vendredi 20 octobre, par la cour d'assises spéciale de Paris.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Abdelkader Merah s'exprime devant la cour d'assises spéciale de Paris, le 20 octobre 2017, à Paris. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Soupçonné d'avoir été le "mentor" religieux du tueur Mohamed Merah, son frère Abdelkader s'est dépeint, vendredi 20 octobre, "comme un musulman orthodoxe" qui "n'appelle pas" à "des actions violentes". "Ce n'est pas avec des morts que l'on fait progresser l'islam", a-t-il affirmé devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Ambigu, Abdelkader Merah a assuré qu'il condamnait les actes de son frère, qu'il a pour la première fois qualifié de "musulman terroriste". Il a aussi dit souhaiter qu'il soit au paradis et être prêt à donner son nom à son fils pour lui rendre hommage. Durant l'enquête, il avait déclaré que son frère avait eu "une belle mort" et que "tout musulman aimerait se faire tuer par son ennemi". Il affirme aujourd'hui avoir dit ça "sous le coup de la colère".

Abdelkader Merah est jugé pour complicité des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012. Il est également accusé d'avoir participé "à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda prônant un islamisme jihadiste (...) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels".

A l'audience, l'accusé s'est exprimé avec calme et sang-froid, éludant les questions les plus sensibles dans des débats théologiques. Sur son engagement religieux en 2006, Abdelkader Merah explique avoir recherché "une paix intérieure". L'un des déclencheurs a été, selon lui, l'influence de Sabri Essid, un des membres de la communauté salafiste d'Artigat (Ariège), parti combattre en Syrie. "Avant, pour nous, l'islam, c'était moyenâgeux, fermé, il a mis une gifle au quartier en montrant que l'on pouvait être musulman, avoir une belle voiture, une belle femme, ne pas vivre en marge de la société", a-t-il expliqué.

Pour lui, l'extrémisme du groupe d'Artigat relève "de l'imaginaire, du fantasme des enquêteurs". Ce sont pourtant les frères Clain, membres de la communauté, qui ont revendiqué depuis la Syrie les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Il nie tout rôle d'intermédiaire avec Al-Qaïda

Interrogé sur ses quatre voyages en Egypte, où il a suivi des cours à l'école Al Fajr, prisée des salafistes, il confie avoir voulu apprendre l'arabe pour mieux comprendre le Coran. Sur les textes extrémistes retrouvés sur un disque dur à son domicile, il parle d'un "cocktail sans idéologie précise, avec 10% de textes jihadistes," collecté pour s'informer sur le sujet.

Sur le jihad, il souligne qu'il "fait partie du Coran comme la prière, le jeûne ou le pèlerinage". "Votre référence, monsieur le président, c'est le Code pénal, moi c'est l'islam", assène-t-il, affirmant n'avoir "jamais fait allégeance à personne". Mais il estime que "tout musulman sincère souhaite avoir un toit où il pourra vivre sous les lois musulmanes".

Interrogé sur sa connaissance des voyages de son frère, notamment au Pakistan où il s'est fait adouber par un groupe proche d'Al-Qaïda, il dit avoir cru au départ à des voyages touristiques, puis avoir eu des doutes. Je suppose que "s'il a eu des contacts avec Al-Qaïda, c'est qu'il avait des recommandations", a-t-il assuré, réfutant avoir pu jouer ce rôle d'intermédiaire.

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