Affaire Karachi : la cour d'appel limite l'enquête sur le volet corruption
Les familles des victimes de l’attentat de Karachi (Pakistan) en 2002 ne sont pas des victimes directes d’une éventuelle corruption liée à la vente de sous-marins au Pakistan. C’est en substance ce qu’explique la cour d’appel de Paris, pour motiver sa décision : les familles des victimes ne pourront pas se constituer partie civile, et donc avoir accès au dossier.
Cette décision revient à contrecarrer la volonté du juge Van Ruymbeke de bénéficier d’investigations élargies à des soupçons de corruption, dans le cadre de l’enquête ouverte initialement pour "entrave à la justice" et "faux témoignage". _ Le magistrat soupçonne en effet que des rétro-commissions (de gigantesques pots-de-vin), versées dans le cadre du contrat d’armement Agosta, aient servi à financer la campagne électorale d’Edouard Balladur en 1995.
Une autre enquête en cours
Mais la portée de l’arrêt rendu par la cour d’appel de Paris pourrait toutefois n'être que limitée. Car une autre enquête a depuis été ouverte, elle a été confiée au même juge Van Ruymbeke, mais aussi et d'abord à un autre magistrat, le juge Roger Le Loire.
Cette seconde instruction concerne un autre contrat d’armement - Sawary II - de vente de frégates à l’Arabie-Saoudite. Or Sawary II, qui met en scène les mêmes acteurs, à la même époque, offre toute latitude aux magistrats pour aller secouer le cocotier des commissions, rétro-commissions et éventuels financements illégaux de partis politiques ou de campagnes électorales.
Reste à savoir si le juge Le Loire, magistrat numéro un dans cette instruction qui vise aussi des faits de "corruption", sera aussi offensif que son collègue Van Ruymbeke.
Pour les familles des victimes, qui regrettent d’être mises à l’écart du volet politico-financier de l’affaire Karachi, c'est bien la preuve que Karachi est une enquête "interdite", parce qu'elle peut faire vasciller la République. Mais elles admettent aussi que le plus important est que les investigations se poursuivent.
_ Pour le parquet général, c'est une décision "logique", car dans les affaires financières, le statut de partie civile n'est réservé qu'aux victimes directes.
Gilles Halais, avec agences
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