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Affaire Karachi : Hortefeux mis en cause

L'Elysée a-t-il eu accès au dossier ? C'est toute la question... surtout quand l'on connaît les liens d'amitié entre Brice Hortefeux, aujourd'hui conseiller de l'Elysée, et Thierry Gaubert, mis en examen dans l'affaire. L'avocat des familles demande l'ouverture d'une enquête, et Brice Hortefeux demande à être entendu par la justice. _ Hier, Nicolas Sarkozy a démenti tout lien avec l'affaire, affirmant même que son nom n'était pas cité dans le dossier. Comment peut-il le savoir - sinon en y ayant eu accès ? Le communiqué a provoqué une véritable onde de choc chez les magistrats.
Article rédigé par franceinfo
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Actualisé à 18h00. Brice Hortefeux demande à être entendu par la justice, démentant "catégoriquement avoir eu quelque information que ce soit issue de la procédure judiciaire en cours"

C'est un exemple édifiant. Ce matin, le journal Le Monde révèle que, le 14 septembre dernier, Brice Hortefeux a appelé Thierry Gaubert sur son portable. Selon les relevés d'écoute téléphonique, le conseiller du président a ces mots, à propos de la femme de Gaubert : “elle balance beaucoup apparemment, Hélène” .

Visiblement, Brice Hortefeux a eu accès aux PV d'audition d'Hélène de Yougoslavie - alors même qu'ils ne sont pas encore parvenus au juge. “Je te raconterai, mais ils ont énormément de choses

Brice Hortefeux se défend de toute ingérence ; explique juste avoir appelé son ami à partir de “rumeurs de presse” sur le fait que sa femme balançait beaucoup. Il s'agissait juste d'une conversation entre amis après avoir eu vent de
ces rumeurs , s'est-il justifié.
_ Ce soir, il a demandé à “être entendu par la justice” et menace d'attaquer en diffamation.

Hasard ou coïncidence, Brice Hortefeux a encore appelé son ami... pendant sa garde à vue. “On m'a dit dimanche que Thierry Gaubert n'allait pas bien. Comme vous le
savez, c'est un ami. Je l'ai donc appelé le lendemain pour avoir de ses
nouvelles. Je ne savais pas qu'il était en garde à vue. Quand il a décroché,
c'est lui qui me l'a dit. Je ne sais pas pourquoi il avait son téléphone avec lui en garde à vue, mais il se trouve qu'il a répondu. C'est la preuve que je n'ai jamais eu accès à aucun élément du dossier.”

Quoi qu'il en soit, les magistrats sont déjà très à cran. Tour à tour, les deux principaux syndicats sont montés au créneau, pour défendre le secret de l'instruction.

C'est une petite phrase, extraite d'un communiqué de l'Elysée, qui a mis le feu aux poudres. Démentant tout lien entre Nicolas Sarkozy et le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995, l'Elysée écrit que le nom de Sarkozy n'apparaît “dans aucun des éléments du dossier”. Comment peut-il le savoir, sinon en ayant au accès, précisément, au dossier ?

L'Union syndicale des magistrats, majoritaire, s'étonne “que les services de la présidence de la République fassent aussi clairement référence au contenu des pièces d'une procédure judiciaire, montrant qu'ils ont pu en avoir connaissance, dans l'irrespect apparent du secret de l'instruction”.
_ Et le Syndicat de la magistrature lui emboîte le pas. “Il y a manifestement des incursions scandaleuses de l'exécutif, en particulier de l'Elysée, dans le cours de la justice” , selon son secrétaire général, Matthieu Bonduelle.

En vertu du principe de séparation des pouvoirs, l'exécutif ne peut avoir
accès aux pièces d'un dossier d'instruction. L'article 11 du code de procédure pénale stipule que le procureur de la République est le seul magistrat habilité à révéler des éléments du dossier. Il est amené à rédiger des rapports qu'il remet au procureur général, lequel les transmet au ministère de la Justice afin de lui permettre, si nécessaire, de donner des instructions en vue de la poursuite d'une enquête. Mais en aucun cas à l'Elysée...

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