Cet article date de plus de treize ans.

Affaire Bettencourt : la bataille judiciaire mère-fille relancée

En décembre dernier Liliane Bettencourt et sa fille Françoise avaient enterré la hache de guerre. Au terme d'un accord "confidentiel" la fille avait renoncé aux poursuites judiciaires entamées à l’encontre de François-Marie Banier. La mère avait accepté une présence renforcée de la famille de Françoise Meyers-Bettencourt dans le groupe L’Oréal. Or un juge va ouvrir une instruction sur les conditions de protection de l'héritière. L'affaire repart donc de plus belle.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

La question cruciale se pose à nouveau : Liliane Bettencourt, la richissime héritière de l'empire l'Oréal, est-elle toujours en pleine possession de ses moyens ? Après une trêve hivernale, il semblerait que sa fille, Françoise Meyers-Bettencourt en doute encore. Son avocat a saisi un juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine) pour obtenir des mesures de protection juridique limitant les possibilités d'initiative financière de la milliardaire, 17e fortune mondiale. Information confirmée dans la matinée par une source judiciaire.

"Des inquiétudes sont apparues qui font craindre de nouvelles dérives contraires aux intérêts de Mme Liliane Bettencourt. Se reconstitue autour (d'elle) un cercle qui se prétend affectif au détriment de sa famille", lit-on dans la requête déposée lundi et publiée en partie par Le Monde.fr.
_ Cette fois c'est l'avocat chargé de gérer la fortune de l'héritière qui est dans le viseur de Françoise Meyers. Me Pascal Wilhelm est aussi le conseil du producteur Stéphane Courbit. Or Lilliane Bettencourt serait entrée récemment au capital de sa société pour un montant de... 170 millions d'euros. L'ordre des avocats de Paris a d'ailleurs annoncé l'ouverture d'une "enquête déontologique" sur Me Wilhelm.

En réaction à cette nouvelle charge de sa fille, Liliane Bettencourt se dit "ulcérée et malheureuse" dans une interview au magazine Le Point. "Je suis ahurie. Plus les coups sont forts, plus je lutte, moins j'accepte. Mais elle va se foutre par terre, elle va être très malheureuse et seule", prévient l'héritière de L'Oréal.

Des "facultés cognitives nettement altérées"

C'était sur des craintes similaires que "l'affaire" avait démarré en 2007. La fille de l'héritière soupçonnait François Marie-Banier d'abus de faiblesse à l'égard de sa mère.
_ Après de longs mois de bataille judiciaire, les deux femmes avaient fini par trouver un accord en décembre 2010. La fille abandonnait ses poursuites contre le "protégé" de Liliane Bettencourt, en échange la mère acceptait une présence renforcée du mari de sa fille au sein de groupe L'Oréal. Ce dossier théoriquement clôt cet hiver pourrait donc être rouvert. Car le juge des tutelles de Courbevoie a déjà conclu que "les facultés cognitives de Mme Liliane Bettencourt (étaient) nettement altérées par une maladie cérébrale".

Parallèlement, les enquêtes judiciaires nées de cet imbroglio familial se poursuivent à Bordeaux, et un juge d'instruction a rendu visite hier à l'héritière à Neuilly, après deux refus de sa part de déférer à des convocations. Les enquêteurs tentent de faire la lumière sur le volet politique de l'affaire. Lequel a coûté son poste de ministre du Budget à Eric Woerth et laisse planer des doutes sur un éventuel financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Caroline Caldier, avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.