Mort de Nahel : l'avocat de la famille dénonce une nouvelle fois les mensonges du policier
Maître Yassine Bouzrou avocat de la famille de Nahel, a dénoncé une nouvelle fois jeudi 6 juillet sur franceinfo, l'existence d'une fiche d'intervention de la police "qui indique mensongèrement que Nahel a tenté de percuter un policier en lui fonçant dessus" mardi 27 juin à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. La famille a déposé plainte pour faux en écriture. Une vidéo amateur publiée sur les réseaux sociaux peu de temps après les faits semble prouver le contraire. "S'il n'y avait pas eu de vidéo pour démentir ce document qui est faux, le procureur aurait décidé que le tir du policier est réglementaire et donc on n’aurait même pas eu d'enquête", a-t-il expliqué.
franceinfo : Franceinfo a eu confirmation du contenu d'une fiche d'intervention de la police rédigée après la mort de Nahel. Il est écrit que le conducteur a foncé sur le policier. Vous avez déposé plainte pour faux en écriture à cause notamment de cette fiche ?
Maître Yassine Bouzrou : Oui, tout à fait. Il existe un document rédigé par un policier qui indique mensongèrement que Nahel a tenté de percuter un policier en lui fonçant dessus. Cette information, qui est mentionnée dans un document signé par un policier, est un document qui constituait un faux, car les éléments sont tout simplement mensongers. C'est sur la base de cette information fausse que le procureur de la ville de Nanterre avait décidé d'ouvrir une enquête contre Nahel, pourtant décédé, pour tentative d'homicide sur un policier. C'est un autre policier qui a rédigé cette fiche. Mais cette fiche a été rédigée sur les informations données par les policiers qui ont tenté d'interpeller Nahel.
Le policier qui écrit cette fiche écoute par la radio les policiers qui sont en intervention, c’est bien cela ?
Oui. Les policiers qui donnent ces informations fausses savent pertinemment qu'une fiche va être remplie sur la base de leurs informations. Ce document a une grande importance, car non seulement, il pousse le procureur à ouvrir une enquête, mais surtout s'il n'y avait pas eu de vidéo amateur pour démentir tout ça, l'enquête se serait basée sur cette fiche, afin d'exonérer le policier qui a tiré. Donc c’est extrêmement important.
Il est pour vous inenvisageable que l'agent qui a rempli la fiche ait mal interprété ce qui était en train de se passer ?
L'agent qui remplit ce document est un professionnel. S’il note qu'un véhicule a tenté de percuter et de tuer un policier, je pense que l'information est suffisamment importante pour ne pas se tromper.
"Il y a quand même une grosse différence entre une voiture qui fait un refus d'obtempérer et une voiture qui tente de donner la mort à un policier. Ça n'a rien à voir."
Yassine Bouzrou, avocat de la famille de Nahelà franceinfo
D'un côté, on a une infraction qui est le refus d’obtempérer, d’un autre côté, on a une tentative d'homicide volontaire. Ça n'a strictement rien à voir. Bien sûr que non, ce n'est pas une erreur. Le problème, c'est que c'est lourd de conséquences, car ensuite, le procureur se base sur cet élément. S'il n'y avait pas eu de vidéo pour démentir ce document qui est faux, le procureur aurait décidé que le tir du policier est réglementaire et donc on n’aurait même pas eu d'enquête. C’est tellement vrai que le procureur de la République décide de ne pas placer en garde à vue le policier le matin. Le policier est placé en garde à vue dix heures après les faits, une fois que les vidéos viennent démentir ce document policier mensonger où il a été inventé, que Nahel aurait tenté de foncer sur un policier, ce qui est totalement faux.
Aujourd'hui, êtes-vous encore sûr que c'est bien le policier, auteur du tir, qui a prononcé la phrase "Tu vas prendre une balle dans la tête" ?
Je ne suis sûr de rien. En ce qui concerne les paroles, une enquête est en cours. Ensuite, l'enquête va pouvoir déterminer ce qui a été dit. Ce qui est important dans cette affaire, c'est qu’il n'y a aucun doute sur le tir. Nous savons que le policier a tiré. Et en ce qui concerne une infraction pénale reprochée, c'est le plus important. Ensuite, sur la question de savoir qui a dit quoi entre le policier qui a tiré et son collègue, ça aura une importance en effet sur d'éventuelles poursuites concernant son collègue. Mais pour l'instant, il est trop tôt pour en tirer les conclusions définitives.
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