Action Directe : Rouillan ne regrette rien <i>(L’Express)</i>
Le parcours terroriste du co-fondateur d’Action Directe commence le 1er mai 1979, par le mitraillage du siège du CNPF. Il prend fin en février 1987, lorsque les quatre "historiques" d’Action Directe -Rouillan, Ménigon, Cipriani et Aubron- sont repérés à la ferme du Gué Girault à Vitry-aux-Loges (Loiret), et arrêtés. Entre temps, le groupuscule d’extrême-gauche a multiplié les mitraillages, plasticages et braquages –revendiqués comme des "expropriations prolétariennes", mais surtout une dizaine d’assassinats.
Condamné à la réclusion à vie assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, Jean-Marc Rouillan est le dernier à sortir de prison, en décembre 2007, sous le régime de la semi-liberté. Dans l’interview à paraître demain dans L’Express, Rouillan se dit bien conscient qu’il joue sa liberté. Car le libellé de son jugement lui interdit d’évoquer publiquement les faits pour lesquels il a été condamné.
Et pourtant il parle. A mots couverts. Interrogé sur l’assassinat de Georges Besse -l’ancien patron de Renault exécuté de trois balles devant son domicile, Rouillan répond : "je n'ai pas le droit de m'exprimer là-dessus... Mais le fait que je ne m'exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu'on avait fait, je pourrais m'exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique".
"Porter le conflit jusqu’à l’affrontement"
Pas plus de regrets sur ses années de lutte armée : "Il faut clarifier les choses : le processus de lutte armée tel qu'il est né dans l'après-68, dans ce formidable élan d'émancipation, n'existe plus (…) mais, en tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée est nécessaire à un moment du processus révolutionnaire".
"Révolutionnaire". Le mot est lâché. Au sujet du nom du Nouveau Parti Anticapitaliste au sein duquel Rouillan va rejoindre Besancenot, il estime que si le mot "révolution" en était absent, "ce serait une démission" rétrogradant cette formation à un simple "petit parti électoral". Alors qu’il faut plus que jamais "porter le conflit jusqu’à l’affrontement".
"Je peux faire peur à beaucoup de monde... A notre première rencontre, j'ai prévenu Besancenot : ma présence peut faire du bordel. Réfléchissez, vous pouvez dire non... Il m'a dit que c'était réfléchi et qu'ils étaient d'accord". Mais dans ces conditions, "à plus ou moins longue échéance, je serai naturellement éliminé de ce processus", conclut Jean-Marc Rouillan.
Sur un plan plus personnel enfin, le co-fondateur d’Action Directe annonce son intention de divorcer de Nathalie Ménigon, avec laquelle il s’était marié en prison. Depuis décembre 2007, Jean-Marc Rouillan travaille dans une maison d’édition marseillaise, sous le régime de la semi-liberté.
Gilles Halais
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