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Accouchement sous X: la mère témoigne pour la première fois

Cette jeune femme de 25 ans s’est malgré elle retrouvée au cœur d’une polémique sur l’accouchement sous X. Alors qu’elle avait mis au monde anonymement une petite fille il y a un an et demi, la justice a décidé le 26 janvier dernier de confier la garde de l’enfant aux parents de la jeune femme. Elle s’exprime pour la première dans le Journal du dimanche paru aujourd’hui.
Article rédigé par franceinfo
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Pour les besoins de l’entretien avec la journaliste Garance Le Caisne, elle se fait appeler Véronique.

Le 26 janvier dernier, la Cour d’Appel d’Angers a statué : Isabelle et Pascal Oger, les parents de Véronique, obtiennent la garde d’Héléna, née sous X il y a vingt mois. Depuis sa naissance, Héléna, devenue pupille de l’Etat, vit en famille d’accueil.

La décision de la Cour d’Appel, motivée par " l’intérêt supérieur de l’enfant ", posé en principe par la convention de New-York de 1989, est une première en France. Et un choc pour Véronique. Dans son arrêt, la Cour d’Appel d’Angers évoque le droit de l’enfant " à un nom, et celui de connaître ses parents et d’être élevé par eux. " Réponse de Véronique : "La seule chose que je peux dire est que, pour l'intérêt de cet enfant, il n'est pas possible de laisser mes parents s'en occuper". En filigrane, la possibilité d'une histoire familiale compliquée. "On ne peut pas dire que mes frères et sœurs et moi soyons des modèles de réussite", souffle la jeune femme. "Je ne veux pas que cet enfant vive ce que j'ai vécu".

Véronique raconte son incrédulité au moment de la décision de justice. “La justice ne peut pas opposer les droits de deux êtres humains. Cet enfant et moi, nous avons tous les deux des droits.” Véronique dit son “droit à l’anonymat bafoué ” . Car aujourd’hui, le nom de ses parents est partout dans la presse. Pour autant, elle explique ne pas vouloir “laver son linge sale en public”.

La jeune femme revient sur son accouchement sous X, “une décision réfléchie” . Un déni de grossesse, le dépassement du délai d’avortement, puis la naissance prématurée d’Héléna. Et au cours de son hospitalisation, les demandes insistantes de sa mère pour voir l’enfant, auxquelles Véronique cède “ par pitié”. Ensuite, tout s’est accéléré : Pascal et Isabelle Oger demandent, en octobre 2009, une expertise biologique pour prouver leur filiation avec l’enfant, puis réclament sa garde. " Jamais je n’aurais pensé qu’ils puissent faire une chose pareille ", raconte Véronique.

Mais le conseil général du Maine-et-Loire, tuteur légal d’Héléna, s’était opposé à la procédure du couple Oger. Véronique espère donc aujourd’hui que le conseil général se pourvoie en cassation. “J’aimerais que la petite grandisse dans une famille normale, qu’elle puisse bien se construire” .

Le président UMP du conseil général du Maine-et-Loire, Christophe Béchu, devrait annoncer sa décision dans la semaine. L’histoire d’Héléna a relancé le débat sur le droit à l’anonymat lors de l’accouchement, accordé par une loi de 1941.

Virginie Ballet

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