Boeing a fini de corriger le système antidécrochage du 737 Max qui pourrait être à l'origine des crashs
Tous les 737 Max sont cloués au sol depuis une dizaine de jours après l'accident d'un exemplaire d'Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts.
Lancé dans une course contre la montre pour éviter une longue immobilisation du 737 Max, Boeing a fini de développer un correctif du système antidécrochage MCAS de cet avion mis en cause dans un accident meurtrier en octobre, ont indiqué samedi 23 mars à l'AFP des sources proches du dossier. "Boeing a déjà finalisé le correctif nécessaire pour le Max", annonce une source du secteur aérien sous couvert de l'anonymat.
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Tous les 737 Max sont cloués au sol depuis une dizaine de jours après l'accident d'un exemplaire d'Ethiopian Airlines, le 10 mars, qui présente des similitudes avec celui de Lion Air, fin octobre. Boeing devait présenter le correctif aux trois compagnies américaines clientes de cet avion (American Airlines, SouthWest et United) ainsi qu'à leurs pilotes ce samedi à Renton, dans l'Etat de Washington où est assemblé le 737 Max, ajoutent d'autres sources industrielles.
Les pilotes d'American Airlines et de SouthWest devaient tester samedi sur simulateur de vol les modifications apportées au logiciel, expliquent ces sources. Contacté par l'AFP, Boeing n'a ni démenti ni confirmé ces informations. "Nous travaillons assidûment en étroite collaboration avec la FAA [Agence fédérale de l'aviation] sur l'actualisation du logiciel", a simplement déclaré une porte-parole. La FAA fait partie des autorités auxquelles sera adressé "en début de semaine prochaine" le correctif et les autres changements (manuels de bord et de formation des pilotes) effectués par Boeing, précise à l'AFP une source gouvernementale.
Le système de stabilisation en vol en question
Interrogée sur la durée que pourrait prendre le processus de certification une fois le correctif aux mains des autorités, cette source a dit que rien n'avait encore été décidé. Contactée par l'AFP, la FAA n'a pas souhaité commenter. "Nous pouvons confirmer que nous serons présents" à une présentation "aujourd'hui" du correctif, a indiqué samedi par courriel à l'AFP un porte-parole d'United Airlines, qui exploite 14 avions 737 Max 9. SouthWest et ses pilotes "vont s'assurer que les modifications apportées garantissent un niveau de qualité exceptionnel", a pour sa part indiqué une porte-parole de la compagnie aérienne.
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S'il faudra encore des mois pour connaître les causes exactes de la tragédie de Lion Air qui a tué 189 personnes et de celle d'Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts, des premiers éléments de l'enquête sur Lion Air ont mis en cause un dysfonctionnement du système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion, dit "MCAS".
La FAA avait donné au plus tard jusqu'au mois d'avril à Boeing pour effectuer les changements nécessaires sur ce système essentiel pour protéger l'appareil, et des sources industrielles avaient indiqué à l'AFP que le correctif devait être prêt dans une dizaine de jours.
Formation des pilotes, signal lumineux d'alerte...
Outre le correctif du MCAS, Boeing a également fini d'actualiser les manuels de bord et de formation des pilotes, comme le lui avait demandé la FAA, ont affirmé ces sources. Boeing va s'occuper de la formation des pilotes et est en train d'en organiser le calendrier avec les différentes compagnies aériennes. Les coûts de cette formation et la facture du développement du correctif du logiciel MCAS seront à la charge du constructeur aéronautique, a-t-elle encore expliqué.
Autre modification importante du 737 Max : Boeing a décidé d'assortir désormais tous les appareils d'un signal lumineux d'alerte, une fonctionnalité qui était jusqu'ici optionnelle et payante, avait indiqué jeudi à l'AFP une source industrielle.
Appelé "disagree light", ce signal d'alerte s'enclenche en cas d'informations erronées transmises par une ou deux sondes d'incidence ("Angle of attack", AOA) au système MCAS, qui mesure l'angle d'attaque. Ce dernier met l'avion en piqué pour lui permettre de reprendre de la vitesse afin de l'éloigner du risque de décrochage fatal. Ni le 737 Max 8 de Lion Air ni celui d'Ethiopian Airlines n'en étaient équipés, affirme une source industrielle.
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