261 décès par noyade depuis début juin, un chiffre en hausse
"261 décès par noyade au total en France en l'espace de dix semaines, c'est beaucoup trop " a commenté Linda Lasbeur, épidémiologiste dans l'unité Traumatismes de l'InVS, soulignant que le bilan provisoire rendu public jeudi faisait apparaître des résultats préoccupants pour les moins de 20 ans comme pour les plus de 65 ans.
Selon l'enquête "Noyades 2015" réalisée par l'InVS, 761 accidents liés à la baignade ont été recensés entre le 1er juin et le 9 août dont 261 ont été à l'origine d'un décès, soit en moyenne 3,7 décès par jour. A la même période en 2012 (l'enquête est réalisée tous les 3 ans), 242 décès par noyade avaient été enregistrés.
Deux fois plus de décès d’enfants et d’adolescents qu'en 2012
Les décès ont été pratiquement multipliés par deux chez les enfants et les adolescents, passant de 39 en 2012 à 60 cette année, tandis que les plus de 65 ans enregistraient 94 décès, (dont 45 survenus en mer et 26 en piscines privées) contre 63 au total à la même époque en 2012.
"Il est trop tôt pour en tirer des conclusions car il ne s'agit pas de données consolidées, mais nous pouvons déjà dire que les chiffres ne sont pas bons " a déclaré Linda Lasbeur en relevant une hausse notable des noyades dans les piscines privées familiales ainsi que dans les zones de baignade non surveillées comme les rivières ou les plans d'eau.
Alors que le nombre de noyades d'enfants de moins de six ans dans les piscines privées diminue régulièrement depuis le début des années 2000, 11 noyades de ce type avaient déjà été répertoriées au 9 août dernier, contre seulement 3 à la même époque en 2012 (et 11 pour l'ensemble de l'été 2012).
Cinq autres jeunes enfants se sont noyés dans des plans d'eau, des lieux qui ont également coûté la vie à 17 jeunes de 6 à 19 ans depuis le 1er juin dernier.
Les bords de mer restent l’endroit le plus dangereux pour se baigner
Globalement toutefois, les bords de mer (jusqu'à 300 mètres du rivage) restent l'endroit le plus dangereux pour se baigner avec 85 décès (33%) depuis le 1er juin contre 67 décès en fleuve et en rivière (26%), 56 (21%) en piscine et 46 (18%) en plan d'eau, selon les données préliminaires de l'InVS. Pour le capitaine Grégory Walter, qui dirige le groupe d'appui judiciaire de la police nationale à Nice, le profil type du noyé en mer est une personne qui se baigne seule.
"Nager en solitaire provoque des risques exponentiels " insiste-t-il. Il note que les accidents ont été plus nombreux cet été à Nice en raison d'un ensoleillement exceptionnel ainsi que des températures extérieures dépassant souvent les 30 degrés et une eau pouvant monter jusqu'à 28 degrés. "Vous vous immergez plus rapidement dans le cocon de chaleur de l'eau et le malaise est plus sournoi s" ajoute-t-il.
Pour Linda Lasbeur, même si le beau temps a entraîné plus de noyades jusqu'à présent, la grande majorité des noyades dont beaucoup sont dues à des malaises, auraient pu être évitées avec un "comportement adapté ". Chez les adultes comme chez les plus de 65 ans, il convient de "tenir compte de sa forme physique, ne pas s'exposer de manière prolongée au soleil ni boire de l'alcool avant ou pendant la baignade ", relève-t-elle. Les adolescents sont invités à ne pas se baigner dans des zones non surveillées, tandis que les jeunes enfants doivent, selon elle, faire l'objet d'une surveillance plus étroite de la part de leurs parents.
Malgré les efforts de prévention faits ces dernières années par les autorités sanitaires, le bilan annuel des noyades continue à osciller aux environs de 500 décès par an.
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