Etats-Unis : des traders sans scrupule dérobent 100 millions de dollars avec l'aide de hackers
En obtenant à l'avance les communiqués de grandes entreprises américaines, les traders incriminés pouvaient alors parier à la baisse ou à la hausse sur les titres des sociétés ciblées bien avant que les informations ne soient publiques.
Traders et hackers se sont alliés pour monter ce coup inédit. Mardi 11 août, les autorités américaines ont engagé des poursuites judiciaires contre une trentaine de courtiers américains et internationaux, suspectés d'avoir fait appel à deux hackers ukrainiens pour engranger jusqu'à 100 millions de dollars.
La fraude, mise en place en février 2010 jusqu'en mai 2015, était basée sur des cyberattaques contre trois sociétés américaines et canadienne de publication des communiqués d'entreprise : Business Wire, PR Newswire et Marketwired.
Les pirates sont accusés d'avoir obtenu illégalement des informations confidentielles sur des entreprises comme Boeing, Ford, Bank of America, Hewlett Packard (HP), ou encore Netflix. "Les accusés ont perpétré une fraude internationale en 'hackant' les serveurs d'au moins deux services de communiqués de presse et en volant (...) des informations portant sur les résultats d'un nombre d'entreprises cotées qui n'étaient pas encore disponibles pour le grand public", fustige la SEC dans sa plainte.
Quelque 150 000 informations volées
Le mécanisme était simple : les traders donnaient aux hackers une liste des entreprises qui les intéressaient en précisant le type d'informations recherchées. Les pirates pénétraient le système informatique des sociétés de diffusion des communiqués, obtenaient ceux-ci et les transféraient aux courtiers. Or, ces communiqués sont gardés secrets jusqu'à leur publication simultanée, pour donner la même information en même temps à tous les investisseurs en Bourse. Quelque 150 000 informations ont ainsi été volées, selon la justice américaine.
Forts de leur avantage, les traders incriminés pouvaient alors parier à la baisse ou à la hausse sur les titres des sociétés ciblées bien avant que les informations ne soient publiques.
Deux fonds français mis en cause
Treize des courtiers mis en cause par le gendarme de la bourse vivent aux Etats-Unis et près de vingt sont basés en Russie, Ukraine, aux îles Vierges, îles Caïmans, Malte, Chypre et aux Bahamas.
Les deux fonds français, Omega 26 et Guibor S.A, ayant profité de ces vols illégaux de données sont basés à Paris. Ils ont spéculé pour leur propre compte et non au nom de leurs clients, précise la SEC. Un des comptes de Guibor a été utilisé pour exécuter des opérations ayant rapporté 3,5 millions de dollars. Quant à Omega 26, un de ses comptes lui a rapporté 2,1 millions de dollars.
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