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Chômage : huit cartes pour comprendre quinze ans d'évolution du marché du travail en France

Découvrez les zones les plus dynamiques et celles dans lesquelles le chômage atteint des records.

Article rédigé par Nicolas Enault
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
 

Un actif sur 10 est au chômage. Cette situation perdure depuis la fin de l'année 2012 dans les rapports trimestriels publiés par l'Insee. La barre des 10% a été dépassée au quatrième trimestre 2012, et le taux de chômage n'est jamais redescendu en dessous depuis. Il faut remonter au deuxième trimestre 1999 pour retrouver un taux de chômage supérieur à 10%. Le dernier chiffre en date s'élève à 10,3%, au quatrième trimestre 2015.

Derrière ce chiffre se cache des réalités différentes. Le chômage ne frappe pas les Français avec la même force selon leurs origines géographiques ou leurs secteurs d'activité. Pour percevoir ces réalités, le niveau d'analyse le plus fin se trouve au niveau des "zones d'emplois" pour lesquelles l'Insee publie des données de façon régulière. Elles sont au nombre de 321, en France métropolitaine et en Outre-mer (hors Mayotte). Leur découpage est basé sur le principe de "migrations domicile-travail", et consiste à définir des zones qui englobent le lieu de résidence et le lieu de travail des actifs. Nous nous sommes basés sur le découpage de 2010, effectif depuis le 1er janvier 2011, pour analyser le marché local du travail. 

Chômage record à Agde-Pézenas (Hérault)

En dehors de l'outre-mer où le taux de chômage moyen s'élève à 24% (données 2014), les régions les plus touchées en France métropolitaine sont le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. La zone d'emploi dans laquelle le taux de chômage est le plus élevé est celle d'Agde-Pézenas dans l'Hérault, avec 18,5% (données au troisième trimestre 2015). Le taux de chômage est supérieur à 15% dans quatorze zones, comme Alès, Perpignan, Sète, Thiérache, Lens-Hénin et Valenciennes.

En quinze ans, 2,9 millions d'emplois créés

Le nombre total d'emplois augmente, mais la population active aussi, dans les mêmes proportions. Cela n'influe donc pas sur la hausse ou la baisse du chômage. Nous avons toutefois comparé le nombre d'emplois tous secteurs confondus entre 1998 et 2013 afin de distinguer les zones dans lesquelles des postes se créent et celles dans lesquelles des emplois sont détruits. 

C'est dans le nord-est du pays, ainsi que dans le centre, que nous constatons les baisses les plus importantes du nombre d'emplois. En métropole, c'est la zone de Thiers dans le Puy-de-Dôme qui est la plus touchée (-16,84% d'emplois en moins sur la période observée, soit 3 000 emplois). Au total, ce sont 72 zones qui voient leur nombre d'emplois total diminuer. A l'inverse, les créations de postes se font dans les grandes métropoles (notamment Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux et Rennes), en outre-mer, dans le Sud-Est, en Corse et le long de la façade atlantique.

De plus en plus de travailleurs indépendants

Si les salariés représentent les trois quarts de ces 2,9 millions de nouveaux emplois, une tendance se dessine néanmoins au niveau des emplois non salariés (travailleurs indépendants ou chefs d'entreprise). Entre 1998 et 2013, le nombre d'emplois classés dans cette catégorie augmente deux fois plus que celui des salariés. Ils sont près de 3 millions à avoir choisi cette voie à la fin de la période observée.

La plupart des zones dans lesquelles le nombre d'emplois non salariés augmente se trouvent en Ile-de-France, ainsi que dans l'est et le sud-est du pays. 

Dans l'agriculture, 50 000 postes en moins

Le secteur primaire est le plus touché par la diminution du nombre d'emplois. Le nombre d'agriculteurs diminue dans 260 zones d'emplois sur 321, majoritairement situées en Ile-de-France, dans le Centre et dans le Sud-Est. La zone de Saint-Girons (Ariège) perd par exemple plus de cinq fois le nombre d'emplois initial. A l'inverse, certaines zones voient le nombre d'emplois dans l'agriculture augmenter, comme à Wissembourg (Bas-Rhin) ou à Douai (Nord).

L'industrie perd des emplois, la construction en gagne

Le secteur secondaire perd un peu plus d'un emploi sur 10 (-10,73%) sur la période observée. En réalité, le nombre d'emplois dans le secteur industriel subit de lourdes pertes, avec la suppression de près d'un poste sur quatre. Mais le phénomène est atténué par la hausse du nombre d'emplois dans le domaine de la construction (environ 230 000 nouveaux emplois).

Le département de Meurthe-et-Moselle est le plus touché par la baisse du nombre d'emplois dans l'industrie, dans les zones de Lunéville et de Longwy. Le boom du secteur de la construction se constate quant à lui dans les zones d'emplois de l'outre-mer et de Corse.

Trois millions de nouveaux emplois dans les services

C'est le secteur qui se développe le plus entre 1998 et 2013. Il représente désormais près de 20 millions de salariés en France, soit 80% du total des emplois (hors non salariés). Au sein du secteur, c'est le nombre d'emplois dans les services marchands qui augmente davantage que les postes dans les services non-marchands (respectivement de 21,25 % et de 14,08 %).

Sans surprise, les cartes qui représentent la répartition des nouveaux emplois du secteur tertiaire ressemblent à celle des nouveaux emplois tous secteurs confondus. Les zones les plus dynamiques se situent sur un axe Rennes-Nantes à l'Ouest et Toulouse-Cannes, en passant par Montpellier et Aix-en-Provence, dans le Sud. Quant aux services non marchands qui recouvrent les domaines de l'éducation, de la santé, de l'action sociale et de l'administration, on constate qu'ils reculent dans le nord-est de la France.

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