Élections sénatoriales : La République en marche n'est "pas suffisamment implantée au niveau des territoires"
Selon le politologue Olivier Rouquan, "le groupe La République en marche sera moins important qu'à l'Assemblée, cela ne fait pas de doute".
Les grands électeurs votent dimanche 24 septembre pour renouveler 171 des 348 sénateurs. Contrairement aux élections législatives du mois de juin, un raz-de-marée de La République en marche est "très improbable", selon le politologue Olivier Rouquan, invité de franceinfo dimanche. Il explique que le parti "n'est pas suffisamment implanté au niveau des territoires" et que le gouvernement a fait pendant l'été des annonces qui ont "heurté nombre d'élus locaux".
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franceinfo : Ce scrutin débouche souvent sur une forme de stabilité ?
Olivier Rouquan : Oui, parce que le Sénat c'est une assemblée des sages, dit-on, et qui représente les territoires. Le fait d'un suffrage indirect garantit dans la durée une certaine stabilité. Parce que ce sont les élus qui choisissent des pairs parmi eux. Parmi ces élus qui vont voter, il y a 95 % de conseillers municipaux dont beaucoup, plus que la moyenne, sont issus des territoires ruraux. Donc une surreprésentation, même si elle a diminué en 2003 et 2013, des territoires très ruraux. Ce sont des facteurs qui permettent de comprendre cette relative stabilité. Notons qu'il y avait eu une alternance en 2011, qui pour la première fois avait permis à la gauche d'avoir le Sénat.
Un raz-de-marée de La République en marche est donc improbable ?
Très improbable en effet, car La République en marche n'est pas encore suffisamment implantée au niveau des territoires, des terroirs, et a peu d'élus dans les municipalités, les conseils départementaux et régionaux. Et en plus, tout au long de l'été, il y a eu des annonces et des mises en place de politiques publiques qui heurtent nombre d'élus locaux, même si ces derniers jours, en pensant sans doute au Sénat, le gouvernement a essayé de contrecarrer l'impression qu'il avait pu donner. Je pense à la baisse des contrats aidés et au secteur du logement, et évidemment à la baisse des dotations. Le groupe La République en marche sera moins important qu'à l'Assemblée, cela ne fait pas de doute. Et puis il faut avoir en tête le dernier résultat des municipales de 2014, où Les Républicains avaient fait un grand score.
Est-ce que cela complique les affaires d'Emmanuel Macron et de son gouvernement dans un domaine législatif ?
Même si La République en marche n'a pas un groupe suffisant au Sénat, il est en train de se constituer un groupe de constructifs. Il pourrait y avoir des ralliements de groupes centristes, qui sont nombreux au Sénat, ce qui pourrait permettre à La République en marche, en cas de révision constitutionnelle, d'avoir éventuellement une majorité de trois cinquièmes. Dans la vie législative plus ordinaire, ce sera de la négociation sur les textes. Le Sénat, tout au long de la Ve République, a été une façon de revoir, de tempérer, parfois d'améliorer les textes, et n'a jamais été très docile par rapport au pouvoir exécutif, donc ce ne serait pas très nouveau.
Si la droite garde sa majorité, est-ce que cela lui permettra d'être plus audible dans l'opposition ?
Ce sera sans doute crédité comme étant un succès. Ceci dit, il faut relativiser. La droite obtient sur le plan des territoires depuis 2014 des succès successifs, ce n'est pas pour autant qu'il y a une tonalité très positive sur l'organisation du mouvement, sur sa ligne de conduite. C'est un mouvement durablement divisé sur le projet.
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