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Marie-Noëlle Lienemann, une frondeuse chez les patrons du Medef

Figure de l'aile gauche du Parti socialiste, la sénatrice est intervenue dans une table ronde organisée par le Medef lors de son université d'été.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président du Medef, Pierre Gattaz (à gauche), discute avec la sénatrice PS de Paris Marie-Noëlle Lienemann, le 31 août à l'Université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines). (ILAN CARO / FRANCEINFO.FR)

Une figure de l'aile gauche du PS dans le saint des saints du patronat : l'image a de quoi surprendre. Mercredi 31 août, Marie-Noëlle Lienemann déambule pourtant bel et bien dans les allées, a priori peu hospitalières, de l'Université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas (Yvelines). La sénatrice de Paris est au programme de la séance plénière politique prévue en fin d'après-midi, devant des centaines de chefs d'entreprises, en même temps que Rama Yade et Alain Juppé.

"Le Medef m'a invitée au mois de juin, j'ai dit oui et puis voilà !", commente-t-elle sobrement à franceinfo lorsqu'on l'interroge sur les raisons de sa venue. Une première pour cette socialiste en rupture avec la politique de François Hollande, qu'elle ne juge pas suffisamment à gauche. "Ils savent que j'argumente mes positions et ont pu me voir participer à des émissions économiques."

Un accueil étonnamment chaleureux

Avant de passer son grand oral, celle qui a déjà fait acte de candidature à la primaire de la gauche pour la présidentielle prend le temps d'aller de stand en stand. Dans l'"Espace innovation", où de jeunes responsables de start-up sont en représentation, Marie-Noëlle Lienemann ne manque pas de souligner que nombre de ces entreprises bénéficient de financements de la part du secteur public. "On n'est quand même pas malheureux en France pour investir, il faut le reconnaître", lui glisse un jeune dirigeant, à rebours du discours officiel du Medef. "Eh bien dites-leur !", sourit la sénatrice, surprise d'avoir trouvé un allié en pareil endroit.

Bien sûr, Marie-Noëlle Lienemann n'a pas croisé le chemin des grands patrons du CAC 40. Mais un peu plus loin, une bonne surprise l'attend. Cette année, le Medef a mis à l'honneur les entreprises du secteur du logement, son élément. Ancienne secrétaire d'Etat au Logement sous Lionel Jospin, elle est actuellement présidente de la Fédération nationale des sociétés coopératives d'HLM et vice-présidente de l'Union sociale pour l'habitat.

"C'est sympa de venir nous voir !", s'exclament les responsables d'une banque spécialisée dans le financement de programmes immobiliers. Sur un autre stand, on se prend en photo avec elle et on lui claque la bise en lui demandant des nouvelles de sa fille, puis on lui souhaite bonne chance avant son passage à la tribune : "Il va vous falloir du courage ! Mais vous êtes pleine de courage, on vous connaît !"

"Juppé ? Je le connais bien, j'inaugure des logements avec lui !"

L'heure de prendre la parole dans la grande salle plénière approche. Sans pression particulière, elle n'appréhende pas de confronter son point de vue à celui d'Alain Juppé, la star de la soirée : "Juppé ? Je le connais bien, j'inaugure des logements avec lui !" Elle n'est pas davantage effrayée par l'accueil que va lui réserver la salle, qui a sifflé le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen dans la matinée.

Vous savez, j'en ai vu d'autres ! Ça m'est même déjà arrivé par le passé de me faire huer par des camarades du PS.

Marie-Noëlle Lienemann

à franceinfo

Au moment où Marie-Noëlle Lienemann prend la parole, quelques sifflets s'échappent en effet du public. Son plaidoyer pour une relance keynésienne de l'économie, qui consiste à "soutenir le pouvoir d'achat en augmentant les salaires", ne correspond pas à la doxa patronale. Mais l'atmosphère se détend rapidement, et la fin de son intervention est poliment applaudie. Dehors, elle retrouve Pierre Gattaz, le président du Medef, avec qui le débat se poursuit, en toute cordialité. "Je m'attendais à ce qu'ils soient un peu plus radicalisés contre moi, s'amuse-t-elle en quittant les lieux. Mais ils me respectent parce qu'ils voient bien que je bosse mes dossiers."

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