"Je ne lui en veux pas" : une fan irréductible de François Hollande réagit à son renoncement
Fin octobre, Sylvia Ullmo nous confiait ses espoirs de voir le chef de l'Etat briguer un nouveau mandat. Après son annonce jeudi soir, elle se dit "triste" mais salue "un très beau chant d'au revoir".
Comme des millions de Français, Sylvia Ullmo était devant son téléviseur, jeudi 1er décembre, à 20 heures. Depuis son appartement des beaux quartiers de Paris, elle a vu François Hollande s'approcher du pupitre, à l'Elysée, devant un fond bleu. "Au début, j'y ai cru, confie cette admiratrice inconditionnelle du chef de l'Etat. Il a dressé son bilan, il était en train de montrer son capital. Puis, au moment où il a exprimé son regret sur la déchéance de nationalité, sa voix s'est éteinte. Je me suis inquiétée." Et François Hollande a annoncé son choix de ne pas se présenter à l'élection présidentielle de 2017.
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"Je suis très triste", lâche cette octogénaire, qui s'était fait remarquer, fin octobre, en interpellant, sur France Inter, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour défendre le chef de l'Etat. Quelques minutes après le discours du président, cette professeure honoraire de civilisation américaine fait part d'un sentiment de "perte". La perte d'un "homme de valeur", comparable, selon elle, au vide ressenti, en 2002, lorsque Lionel Jospin avait annoncé son retrait de la vie politique après son élimination au premier tour de la présidentielle.
Une sortie "presque shakespearienne"
"Son discours a été d'une très grande beauté, salue Sylvia Ullmo. Il a su résumer tout ce qu'il a accompli, sans emphase, avec une très grande simplicité, qui caractérise bien l'homme. Je pense qu'il y avait une énorme mélancolie dans le ton de ses dernières paroles. C'est un très beau chant d'au revoir, une très belle sortie, presque shakespearienne."
Dans Shakespeare, les rois mourants savent toujours prononcer leur oraison funèbre.
Elle dit "ne pas en vouloir" au chef de l'Etat. Elle en veut aux "sales gosses" de la gauche, qui ont persécuté le président "comme des gamins harcèlent les têtes de Turcs au lycée". Pour elle, cette situation a conduit au "suicide" de François Hollande, victime d'un "jeu de massacre".
"Angoissée pour l'avenir"
Jusqu'au bout, cette rare sympathisante hollandiste a espéré que "l'optimisme" de François Hollande l'inciterait à se présenter. "On peut toujours rêver d'une candidature à la dernière minute, mais j'y pense seulement pour me consoler,dit-elle. François Hollande, qu'on disait indécis et mou, prend ses décisions lentement, mais il s'y tient. Il s'y tiendra."
Et maintenant ? Sylvia Ullmo se dit "angoissée pour l'avenir". A ses yeux, personne à gauche n'a "l'envergure" de son chouchou. Face à un Jean-Luc Mélenchon"excessif" ou à un Arnaud Montebourg "enthousiaste mais pas mesuré", elle juge François Fillon "terrifiant". Reprenant presque les mots du chef de l'Etat, elle voit en lui "la destruction du modèle social français". Et elle craint le "pouvoir de séduction" de Marine Le Pen.
Ses derniers mots vont à François Hollande. "Peut-être que cette décision le soulagera, espère-t-elle. Je lui souhaite la sérénité." Regrets éternels.
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