Ălection prĂ©sidentielle : le vote par anticipation "peut porter atteinte Ă la sincĂ©ritĂ© du scrutin", selon un constitutionnaliste
Selon Jean-Philippe Derosier, le fait que des Ă©lecteurs puissent voter une semaine en avance, comme le veut le gouvernement, signifie qu'ils pourraient ne pas disposer des mĂȘmes informations que ceux qui voteraient plus tard.
"Je suis assez réservé sur la possibilité constitutionnelle d'un vote par anticipation parce qu'il y a clairement une rupture d'égalité des électeurs face au scrutin", estime mercredi 17 février sur franceinfo le spécialiste du droit constitutionnel Jean-Philippe Derosier, alors que le gouvernement a déposé mardi un amendement en ce sens au Sénat, lors de l'examen du projet de loi organique relatif à l'élection présidentielle de 2022.
L'exemple de l'affaire Fillon en 2017
Cet amendement gouvernemental prĂ©voit l'instauration d'un vote anticipĂ©, une semaine avant le scrutin, via une machine Ă voter. "Ces Ă©lecteurs ne voteront pas au mĂȘme moment et donc ne disposeront pas des mĂȘmes Ă©lĂ©ments d'information dans le cadre d'une campagne Ă©lectorale que les autres Ă©lecteurs, avance Jean-Philippe Derosier. Prenons un exemple trĂšs simple : imaginons que le vote par anticipation ait dĂ©butĂ© en 2017, avant mĂȘme que n'Ă©clate l'affaire Fillon. L'Ă©lecteur qui vote avant qu'elle n'Ă©clate ne ferait pas forcĂ©ment le mĂȘme choix de celui qui va voter aprĂšs qu'elle a qu'elle a Ă©clatĂ©. Et donc lĂ , il y a, Ă mon avis, une rupture d'Ă©galitĂ© qui peut porter atteinte Ă la sincĂ©ritĂ© du scrutin", explique le constitutionnaliste.
Les Ă©lecteurs n'ont pas les mĂȘmes informations
Selon Jean-Philippe Derosier, le vote par anticipation "est diffus dans le temps", les Ă©lecteurs ne sont donc pas "confrontĂ©s au mĂȘme instant Ă©lectoral, au mĂȘme instant politique et ne votent pas avec les mĂȘmes Ă©lĂ©ments d'information". Le constitutionnaliste donne l'exemple des Ătats-Unis "oĂč le vote par anticipation est historique et bien bien ancrĂ©" et l'Ă©lection de Donald Trump en 2016. "L'affaire des e-mails d'Hillary Clinton a prĂ©cisĂ©ment montrĂ© qu'il peut se passer des choses Ă la veille du scrutin, pendant une pĂ©riode oĂč beaucoup d'Ă©lecteurs ont votĂ© par anticipation et donc lĂ , il y a eu une perturbation. Et certains analystes soutiennent que c'est ce qui a bouleversĂ© le vote et a permis la victoire de Donald Trump", affirme Jean-Philippe Derosier.
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