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A Hénin-Beaumont, Emmanuel Macron chasse sur les terres du Front national

Le candidat à la présidentielle a décidé de s'attaquer frontalement au FN en se rendant dans le fief de Marine Le Pen. Sur ses terres, il a vanté son programme, "rempart" face "à la haine, l'exclusion et le repli".

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron, candidat à l'élection présidentielle, le 13 janvier 2017 à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais). (MAXPPP)

Il s'est invité au coeur du fief de Marine Le Pen. En choisissant de venir à Hénin-Beaumont, vendredi 13 janvier, Emmanuel Macron ne pouvait pas trouver de lieu plus symbolique pour faire passer son message anti-Front national. L'ancien ministre de l'Economie a décidé de s'attaquer frontalement au parti de Marine Le Pen, sur ses terres, où il a défendu son propre programme, "rempart" face "à la haine, l'exclusion et le repli""Si vous voulez parler à la Vierge Marie, il n'est pas idiot d'aller à Lourdes", sourit-on au sein de son mouvement, En Marche.

"Ce n'est pas le premier à faire le pèlerinage à Hénin-Beaumont !", commente le maire FN de la commune, Steeve Briois, rappelant que Jean-Luc Mélenchon, candidat aux législatives en 2012 et Manuel Valls, qui y avait tenu meeting pendant la campagne des municipales 2014 "s'y sont déjà cassé les dents". Et puis, raille-t-il dans un communiqué, Emmanuel Macron "n'est pas venu se frotter au peuple, fuyant le marché d'Hénin-Beaumont, préférant choisir ses interlocuteurs dans des milieux où il se sait moins exposé".

"Deux France à réconcilier"

C'est en effet dans la zone industrielle que le candidat d'En Marche s'est rendu, pour remettre des médailles du travail aux salariés d'un grossiste alimentaire. Une visite qui lui a donné l'occasion de promouvoir le "travail" et de rendre hommage à "ces gens vaillants", preuves vivantes que "lorsqu'on décide de franchir des étapes, on accède à la reconnaissance".

Le discours, qui se veut porteur d'"espérance" et d'"optimisme", est aux antipodes de celui de Marine Le Pen. C'est bien en vantant les mérites de la mondialisation, dans ce bassin minier si éprouvé par les crises à répétition, qu'Emmanuel Macron espère convaincre, évoquant "deux France à réconcilier", celle qui réussit et celle qui souffre. L'argument peut-il porter ? "Au sein de l'électorat de Marine Le Pen, la moitié seulement vote par adhésion. Les autres expriment une protestation. Ce sont ces électeurs-là qu'il peut conquérir", veut croire un élu local rallié à Macron. 

Sur le terrain, c'est une autre histoire. Quand Marie-France a confié avec enthousiasme à son cercle de connaissances qu'elle viendrait voir Emmanuel Macron lors de son passage dans le Pas-de-Calais, cette retraitée de 65 ans n'a récolté que des réactions d'étonnement. C'est donc seule qu'elle a parcouru les quelques kilomètres nécessaires pour rejoindre Noeux-les-Mines, où l'ancien ministre de l'Economie a fait étape vendredi après-midi, avant d'aller à Hénin-Beaumont. Convaincue par sa "jeunesse", ses "idées", elle doute cependant de sa capacité à faire changer d'avis des électeurs qui s'enracinent dans le vote FN. Difficile en effet, pour l'ancien banquier, de défendre ses thèses libérales sur ce territoire meurtri.

Un discours anti-système qui peut plaire

Emmanuel Macron dispose toutefois d'une arme qu'il n'hésite pas à utiliser : un discours anti-système qui peut plaire aux électeurs frontistes. "Nous sommes en dehors des partis politiques. Notre mouvement donne une place importante à toute personne qui veut s'impliquer. Et surtout, nous ne sommes pas des professionnels de la politique", argumente Coralie Rembert, avocate, et référente d'En Marche dans le Pas-de-Calais.

A Nœux-les-Mines, lorsqu'il rend visite aux habitants d'une cité minière en cours de rénovation, les discussions tournent peu autour de la politique et de la présidentielle. Emmanuel Macron préfère les écouter – longuement – parler de leur vie quotidienne, de leurs habitations qui, il y a encore 30 ans, ne comportaient pas de salle de bains. Plus tard, devant la presse, il explique comprendre la colère des électeurs qui se réfugient auprès du Front national.

Je ne juge pas cette colère. Je combats le FN mais je respecte ses électeurs. Je ne suis pas là pour donner des leçons.

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron assure qu'il se battra contre le FN "partout"Après cette virée dans le nord de la France, qui doit se conclure samedi par un meeting au Zénith de Lille, le candidat a d'ailleurs coché une autre date sur son agenda : le 4 février, il tiendra un grand rassemblement à Lyon. C'est ce jour-là, dans cette même ville, que Marine Le Pen a prévu de lancer officiellement sa campagne présidentielle.

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