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Vidéo Municipales : en Lozère, Saint-Chély-d’Apcher se bat depuis 25 ans pour sauver la gare, "vitale pour la commune"

Toute la semaine, franceinfo marque un stop dans une ville de France à quelques jours du 1er tour des municipales. Jeudi 12 mars, direction Saint-Chély-d’Apcher, en Lozère, où depuis plus de 20 ans la commune et ses habitants se battent pour maintenir la gare en activité.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana & Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Guy Galvier mène le combat pour sauver la ligne SNCF des Causses, reliant Béziers à Neussargues, depuis 25 ans : "Le combat d'une vie" (ANTOINE DEIANA / FRANCEINFO)

"Je prends le train de Narbonne jusqu’à Béziers, puis de Béziers jusqu’à Saint-Chély." Matisse étudie au lycée hôtelier Sacré-Cœur et tous les lundis matin, alors que ses parents travaillent, il doit prendre le train pour se rendre à l'internat, à Saint-Chély-d'Apcher, pour y passer sa semaine. Idem pour son retour chez lui le vendredi soir. Sans cette ligne des Causses, la situation serait totalement différente pour lui : "Si je n’ai pas cette ligne, je ne peux pas venir en cours."

Les internes du lycée hôtelier Sacré-Coeur de Saint Chély d'Apcher prennent le train chaque lundi et vendredi (ANTOINE DEIANA / FRANCEINFO)

Électrifiée en 1932, la ligne des Causses, reliant Béziers à Neussargues, est l’un des symboles du combat que mènent de nombreuses régions en France pour tenter de préserver les lignes dites "de desserte fine des territoires". Depuis plusieurs dizaines d’années, celle des Causses est menacée de fermeture. Concurrencée par l’autoroute A75, gratuite sur une grande partie de son parcours, elle souffre d’une faible affluence dans certaines de ses gares et a besoin de nombreux travaux de rénovation des voies, dont le coût est estimé à 11,5 millions d’euros.

Le 21 décembre 2019, les régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes ont annoncé qu’un accord de financement avec l’Etat avait été conclu afin de garantir la réalisation des travaux sur la ligne des Causses. Un véritable soulagement pour toutes celles et ceux qui se sont battus pour la sauvegarde de cette ligne.

Une municipalité engagée

Guy Galvier est engagé dans le combat pour la ligne des Causses depuis 1995 avec Jacky Tello, président du comité pluraliste de réhabilitation, de défense et de promotion de la ligne : "On est sur la brèche depuis 25 ans."

Si aujourd’hui Guy Galvier est un homme soulagé de voir la ligne préservée jusqu’au moins 2024, il n'oublie pas tout le chemin parcouru : "Je me souviens de réunions avec les ministères, la direction de la SNCF et du Fret SNCF. On s'est aussi retrouvés à Strasbourg au Parlement européen, à l'Assemblée nationale ou encore à la Commission européenne. À chaque fois c'était assez marrant, car on venait avec une délégation de 30 à 40 personnes. Tous ceux qui voulaient venir, venaient, et ça a provoqué quelques étonnements parfois, notamment à Bruxelles."


Tout au long de ses 25 années d'engagement, la municipalité de Saint-Chély-d’Apcher a été "partie prenante du combat de façon plus ou moins accentuée", mais Guy Galvier retient surtout le soutien "primordial" du maire aujourd'hui sortant : "Pierre Lafont est investi depuis le début de son mandat en 2014. Il est membre du comité pluraliste, il participe à toutes les manifestations et c’est un véritable atout pour nous et notre combat."

Pour Guy Galvier, le maintien de cette ligne était "vital" pour la survie de Saint-Chély-d’Apcher, pour deux raisons : "Tout d’abord, c’est elle qui approvisionne l’usine ArcelorMittal qui produit des tôles magnétiques. Si le rail ferme l’usine ferme ou part ailleurs avec ses 370 emplois. Ensuite il y a l’importance des effectifs scolaires qui viennent par la ligne deux fois par semaine. Ce sont des centaines d’élèves du lycée hôtelier qui seraient impactés."

Pérenniser la ligne sur le long terme

À Saint-Léger-de-Peyre, à quelques dizaines de kilomètres de Saint-Chély, Nicolas Hinderschiett nous accueille au milieu de son garage, où il travaille sur des voitures de collection.

Nicolas est représentant CGT élu CSE ArcelorMittal Saint-Chély-d’Apcher et il pense déjà à l’après 2024 pour la ligne des Causses : "Pour ArcelorMittal l’enjeu c’est de pérenniser la ligne en investissant et en permettant l’export de matériaux directement vers les clients par voie ferroviaire." Pour autant Nicolas Hinderschiett reste inquiet pour la suite, car "la survie de l’usine dépend de cette ligne" et il attend le même engagement du futur maire pour continuer le combat.

Un accord a été trouvé le 19 décembre 2019 sur le financement en faveur de la desserte à proximité de Saint Chély d’Apcher. 11,46 millions d’euros seront engagés pour maintenir la ligne de 2022 à fin 2024.

Municipales. En Lozère, le combat d'une commune pour sa gare. Le reportage de Farida Nouar

>> La liste des candidats aux élections municipales à Saint-Chély-d'Apcher

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