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Paris, Lyon, Lille… L'UMP en désordre de bataille pour les municipales de 2014

L'UMP fait d'une "vague bleue" aux municipales de 2014 une première étape avant la reconquête de 2017. Mais dans les grandes villes, aucun leader naturel n'a encore émergé.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, lors d'une conférence de presse au siège de son parti, le 26 novembre 2012. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Un peu plus d'un an avant les prochaines élections municipales, l'UMP et son président provisoire, Jean-François Copé, veulent y croire : 2014 sera l'année de "la vague bleue"Après avoir perdu les municipales de 2008, les européennes de 2009, les régionales de 2010, les cantonales et les sénatoriales de 2011 et la présidentielle de 2012, l'opération de reconquête du pouvoir en 2017 passe par une ample victoire aux municipales de mars 2014.

Mais alors que l'échéance se rapproche, l'UMP semble tarder à se mettre en ordre de bataille. Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Nantes… Autant de villes détenues par le Parti socialiste et dans lesquelles aucun leader naturel n'a encore émergé à droite. 

A Paris, la piste NKM émerge peu à peu

La vague bleue tant espérée par Jean-François Copé passera en premier lieu par une victoire – ou du moins par un bon score – dans la capitale. Alors que Bertrand Delanoë cède son fauteuil treize ans après avoir détrôné la droite, sa dauphine Anne Hidalgo est bien partie pour lui succéder.

Pour désigner celui ou celle qui l'affrontera, Jean-François Copé souhaite "des primaires ouvertes (…) d'ici avril ou mai". Problème : on ne se presse pas vraiment au portillon. François Fillon, dont le nom est régulièrement cité depuis des mois, n'aurait guère envie de se lancer dans une aventure trop risquée pour son avenir en cas d'échec. Rachida Dati est entrée tôt dans la course, mais sa candidature est loin de transcender les foules, y compris au sein de l'UMP. Certains souhaitent voir Jean-Louis Borloo se présenter sous une bannière commune UDI-UMP, mais l'hypothèse semble aujourd'hui très improbable.

Face à cette impasse, la piste Kosciusko-Morizet émerge peu à peu. Selon un sondage Ifop publié dimanche 20 janvier, l'actuelle députée-maire de Longjumeau (Essonne) ferait aussi bien que François Fillon face à Anne Hidalgo, au premier tour (28% à la liste UMP contre 38% à celle du PS) comme au second (44% contre 56%). "Elle plaît aux bobos", se félicitent ceux qui, de plus en plus nombreux, soutiennent sa candidature. Mais le temps presse. "Paris, c'est pas gagné pour la droite, résume Valérie Pécresse dimanche sur Radio J. La vague bleue se fait autour d'un projet, d'un candidat. Aujourd'hui, on est très loin derrière l'équipe sortante représentée par Anne Hidalgo."

La députée-maire de Longjumeau, Nathalie Kosciusko-Morizet, et l'ancien Premier ministre, François Fillon, le 23 février 2012 à Paris. (ERIC FEFERBERG / AFP)

A Marseille, l'inconnue Jean-Claude Gaudin

Dans la cité phocéenne, les choses sont un peu moins compliquées. Il faut dire que le sénateur-maire UMP Jean-Claude Gaudin domine la ville depuis 1995. Mais en mars 2014, Gaudin aura 74 ans. Et selon un sondage Opinionway révélé en décembre par L'Express, 59% des Marseillais souhaitent le voir céder son fauteuil. Problème : aucun successeur naturel n'apparaît depuis que son seul véritable dauphin, l'ancien député Renaud Muselier, a annoncé son retrait de la vie politique après sa défaite aux législatives.

A droite, deux députés se verraient bien remplacer Jean-Claude Gaudin : le copéiste et gaudiniste Dominique Tian, et le filloniste Guy Tessier. Encore faudrait-il que l'actuel édile cède son siège, car pour l'instant, il entretient le suspense.

En face, le PS n'a de toute façon pas encore choisi son candidat. Selon Opinionway, la ministre Marie-Arlette Carlotti, qui a fait tomber Renaud Muselier aux législatives, a les faveurs de la population. Mais le député Patrick Mennucci, la sénatrice Samia Ghali et le président de la communauté urbaine, Eugène Caselli, n'ont pas dit leur dernier mot. Une primaire ouverte devra les départager. 

A Lyon, flou artistique face à Gérard Collomb

A Lyon, où le socialiste Gérard Collomb a succédé à Raymond Barre en 2001 avant d'être réélu dès le premier tour en 2008, l'UMP est loin, là aussi, d'avoir choisi son capitaine.

Des primaires semblent inévitables. Le principal chef de l'opposition au conseil municipal, Michel Havard, a déjà annoncé sa candidature, tout comme l'ancien député Emmanuel Hamelin. Deux déclarations qui ne provoquent cependant pas un grand enthousiasme. Dans les semaines à venir, l'ancienne secrétaire d'Etat Nora Berra, le député Georges Fenech et le sénateur François-Noël Buffet devraient également entrer dans la course.

Gérard Collomb, lui, observe le spectacle : "Je me contente de voir, chaque semaine, le nombre de candidats augmenter en face !"

La députée européenne (UMP) Nora Berra, le conseiller municipal (UMP) Michal Havard et le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, le 15 octobre 2011 à Lyon. (MAXPPP)

Lille perdue d'avance face à Martine Aubry ?

L'UMP aura également le plus grand mal à s'emparer de la mairie de Lille, détenue par le PS depuis 1955. Elue en 2001 et réélue très confortablement en 2008, Martine Aubry briguera un troisième mandat.

Pour tenter de la détrôner, ou tout du moins l'empêcher de triompher, les candidats ne sont pas légion. Sèchement battu en 2008, le député UMP Sébastien Huyghe ne devrait pas retenter l'aventure : il a depuis quitté la métropole lilloise pour rejoindre la périphérie. Alors, qui reprendra le lourd flambeau ? Pour l'instant, personne ne le sait.

Principal opposant à Martine Aubry au conseil municipal, l'ancien député Christian Decocq, 68 ans, a longtemps lorgné sur le fauteuil. Le nom du sénateur Jean-René Lecerf, 61 ans, a été évoqué à maintes reprises. Mais Christian Decocq a également tenté de propulser un jeune candidat, François Kinget, 32 ans. En vain : l'intéressé a décliné l'offre, reconnaissant dans La Voix du Nord (article abonnés) n'être "connu que d'un microcosme lillois, et encore".

Menace au centre à Toulouse

L'horizon est moins sombre dans la ville rose. Même si une primaire n'est pas totalement exclue, le député Jean-Luc Moudenc, qui a été maire entre 2004 et 2008, est bien parti pour mener la reconquête. Battu par le socialiste Pierre Cohen en 2008 avec seulement 1 209 voix d'écart, il a bon espoir de reprendre le Capitole. Il devra néanmoins faire face à une concurrente sérieuse au centre-droit : l'eurodéputée Christine de Veyrac (UDI), récemment adoubée par Jean-Louis Borloo

"Avec une déception Cohen et une déception Hollande conjuguées, nous pouvons l'emporter en 2014", martèle-t-il dans les colonnes de La Voix du Midi.

Le député Jean-Luc Moudenc et le président de l'UMP, Jean-François Copé, le 31 mai 2012 à Toulouse. (MAXPPP)

Fabienne Keller se voit reprendre Strasbourg

Passée à droite en 2001 et repassée à gauche en 2008, Strasbourg changera-t-elle à nouveau de bord ? C'est ce qu'espère la sénatrice UMP Fabienne Keller, qui a justement dirigé la ville de 2001 à 2008. L'ancienne maire a déjà clairement affiché sa volonté de mener la bataille face au socialiste sortant, Roland Ries, si celui-ci se représente.

Mais comme Jean-Luc Moudenc à Toulouse, Fabienne Keller pourrait bien être handicapée par une candidature concurrente du côté de l'UDI : celle du conseiller régional, ancien député et ancien ministre François Loos. A moins que les deux ne parviennent à s'entendre pour une liste commune… "Il n'y aura pas de succès face au PS s'il n'y a pas d'union", prévient sur France 3 l'ancien président UMP de la Communauté urbaine de Strasbourg, Robert Grossmann, ancien tandem de Fabienne Keller – sans toutefois exclure d'être lui-même candidat !

A Nantes, une UMP sans leader à l'assaut d'un symbole

L'an prochain, cela fera vingt-cinq ans que Nantes n'a pas été dirigée par un maire de droite. Il y a vingt-cinq ans, donc, un certain Jean-Marc Ayrault s'emparait de l'hôtel de ville, succédant au RPR Michel Chauty.

Jean-Marc Ayrault parti à Matignon, l'UMP rêve d'une victoire à Nantes, pour en faire un symbole de l'échec du tandem Hollande-Ayrault à la tête de l'Etat. Mais les choses sont loin d'être gagnées d'avance. En 2008, la liste socialiste emmenée par le désormais Premier ministre a été élue dès le premier tour avec 55,7% des voix, très loin devant la liste UMP de Sophie Jozan et ses 29,9%. Peut-être de quoi expliquer le fait qu'aucune figure n'a émergé depuis dans l'opposition, et que les prétendants ne se pressent pas pour se faire connaître. 

Faute de candidat naturel, l'UMP locale répète dans 20 Minutes que "ce serait une erreur de se focaliser sur la question du leader". L'urgence, dit-on, est de s'atteler à la construction d'un projet et au rassemblement politique avec l'UDI. La désignation du candidat, elle, viendra plus tard.

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