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Municipales : pourquoi seule une minorité de Français aura accès au vote électronique

Les Français sont appelés aux urnes les 15 et 22 mars pour élire leurs conseillers municipaux. À la clé, des centaines des millions de bulletins de votes et d'enveloppes répartis dans les plus de 34 000 communes de France, où parfois une dizaine de listes s'affonteront. Mais où en est le vote électronique en France en 2020 ? 

Article rédigé par franceinfo - Olivier Chauve
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une machine à voter à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le 22 avril 2007, lors du premier tour de l'élection présidentielle.  (PIERRE VERDY / AFP)

Dans un peu plus d'un mois, les Français vont être appelés aux urnes à l'occasion des élections municipales. L'immense majorité d'entre eux glisseront un bulletin en papier dans une petite enveloppe, mais certains choisiront la liste qu'ils souhaitent voir élue à l'aide d'une machine. 

Parce qu'une soixantaine de communes seulement est équipée

Première étape, éclaicir l'appellation "vote électronique". Ce terme générique est utilisé pour deux techniques très distinctes. La première, c’est le vote par Internet, à distance. Très peu répandu, il est limitée aux électeurs établis à l’étranger, lors des élections législatives et consulaires. Lors des législatives 2017, ce moyen de vote a d'ailleurs été suspendu par crainte des piratages informatiques. Les Français ne pourront donc pas voter par internet aux élections municipales. 

La deuxième technique que l'on désigne couramment sous le terme de "vote électronique", c'est l'utilisation de machines à voter qui remplacent les bulletins papier dans les bureaux de vote. De la même manière qu'avec des bulletins physiques, les électeurs doivent se rendre dans le bureau de vote dans lequel ils sont inscrits, et désignent le candidat de leur choix à l'aide d'une machine. Celle-ci n'est pas reliée à internet, elle est seulement alimentée à l'aide d'une prise électrique. Les résultats sont connus quasi-instantanément à la fin de la journée, à la fin des opérations de vote, puis remontés à la préfecture de la même manière que lors d'un vote avec des bulletins papiers. 

En 2012, 64 communes de plus de 3 500 habitants comme Le Mans, Mulhouse, Issy-les-Moulineaux ou encore Le Havre, regroupant 1,1 million d’électeurs, ont eu recours à ce procédé.

Parce que ces machines n'ont pas convaincu

Le développement de ces machines à voter s'est accéléré en 2003, lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, fait homologuer trois types de machines à voter. L’élection présidentielle de 2007 est la première échéance où ces outils sont utilisés à "grande échelle". La participation lors de ce scrutin est très forte, près de 84%. Le plus souvent, une machine, qui coûte plusieurs milliers d'euros, remplace plusieurs isoloirs, ce qui rend impossible le vote simultané de plusieurs personnes. En outre, ce nouveau procédé induit un temps d'adaptation pour les électeurs, et les temps d'attente dans la plupart des bureaux équipés explosent. Certains maires décident même d'abandonner le dispositif entre les deux tours. 

En outre, ces machines n'ont jamais convaincu l'opinion sur leur fiabilité, car les votes sont rendus intraçables, et les recomptes, impossibles. 

Face à ces écueils, le gouvernement met en place en 2008 un moratoire sur ces machines. Seules les communes possédant déjà ces outils pourront continuer de les utiliser. Lors des élections municipales de mars prochain, seuls les électeurs inscrits dans les communes ayant adopté les machines à voter avant 2008 pourront utiliser ce mode de vote, si la ville choisit de le reconduire. 

Parce que le gouvernement a dit vouloir y mettre fin

L’utilisation des machines à voter est autorisée par le code électoral dès 1969. Les premières machines sont testées les années suivantes, comme le montre ce reportage à Paris, en 1973.

Dès le départ, ce mode de scrutin rencontre des oppositions. Lors des élections législatives de 1973, 105 candidats corses se présentent dans les trois circonscriptions de l’Île de beauté pour faire barrage à ces machines, qui ne peuvent faire figurer autant de candidats sur leurs claviers.

Des expérimentations sont effectuées régulièrement, le plus souvent en parallèle du vote à l'aide de bulletins papiers. Leur premier déploiement important en 2007 est vite stoppé par le moratoire mis en place en 2008. 

Cantonnées à une soixantaine de villes, contestées, le ministère a affiché sa volonté de mettre fin aux machines à voter en 2017. Un non-sens, estiment les communes qui utilisent cet outil de vote électronique. Pour ses partisans, la machine à voter permet un gain de temps lors du dépouillement, une fiabilisation des résultats en évitant les erreurs humaines, et limite au maximum le risque de fraude, étant contrôlée par un huissier et n’étant pas raccordée à internet. 

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