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"Moins on vous voit, moins on risque de voter pour vous" : affichage, temps de parole... Le défi des petites listes pour exister dans la campagne des européennes

La campagne électorale officielle pour les élections européennes du 26 mai débute lundi. Avec des temps de parole bien inférieurs et peu de moyens financiers, les petites listes ont du mal à se rendre visibles.

Article rédigé par franceinfo - Fabien Randrianarisoa. Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des panneaux d'affichage installés à Colmar, en Alsace, en vue de la campagne pour les élections européennes du 26 mai 2019 qui débute lundi 13, avec un nombre record de 34 listes en lice. (BLANDINE COSTENTIN / FRANCE-BLEU ALSACE)

Depuis lundi 13 mai minuit, les 34 listes en lice pour les élections européennes du 26 mai peuvent coller leurs affiches sur les panneaux électoraux et la diffusion des spots télévisés va pouvoir commencer. Mais avec des temps de parole bien inférieurs et peu de moyens pour financer bulletins de votes et affiches, difficile pour les petites listes de ne pas se faire éclipser par les partis bien établis.  

Le reportage de Fabien Randrianarisoa

Finie l'égalité stricte du temps d'antenne. Le temps de parole des listes est maintenant calculé selon leur représentativité dans les institutions, les soutiens parlementaires et les résultats obtenus lors des précédentes élections. À l'arrivée, un temps de parole de 3 min 33 pour les petites listes comme Allons Enfants contre 55 min pour la liste de La République en marche par exemple. Allons Enfants est un jeune parti. Tous ses candidats ont entre 18 et 30 ans et chaque euro compte. Alors Sophie Caillaud, la tête de liste, attend beaucoup du spot télé financé par l’Etat. "On va avoir un clip de campagne qui sera tourné par les services de France Télévisions avec le soutien du CSA. Ce sera deux fois 1 min 30, en plus d’un petit spot de 30 secondes", explique-t-elle.

Il faut vraiment être percutant puisque c’est notre seul temps d’antenne qu’on est sûrs d’avoir.

Sophie Caillaud, tête de liste Allons Enfants

à franceinfo

Pour ne pas saturer les chaînes, les 34 spots TV seront répartis sur plusieurs jours. Un tirage au sort détermine les jours de diffusion pour chaque liste et un ordre de passage. C'est le cas aussi pour l’ordre des panneaux électoraux devant les bureaux de vote. 34 emplacements de taille égale, ou 17 pour les mairies qui divisent verticalement les panneaux, tout en gardant la surface pour accueillir deux affiches de petit et grand format.

>> Panneaux électoraux, temps d'antenne... Pourquoi les 34 listes en lice aux européennes sont un casse-tête logistique

Certains panneaux électoraux resteront pourtant vides. L’impression et le collage des affiches sont en effet à la charge des partis. Faute de militants et d’argent, la liste Allons Enfants ne pourra pas être présente partout. "Donc on a fait ce matin un bel Excel de répartition des secteurs pour aller coller", raconte Sophie Caillaud, qui compte sur tous les membres du parti pour s‘inscrire dans les différents créneaux proposés sur 12 jours "pour essayer de couvrir le plus de secteurs possibles".

Contrairement aux gros partis, on n’aura pas les moyens de faire appel à une société qui va elle-même coller les affiches devant les bureaux de vote.

Sophie Caillaud

à franceinfo

Chaque liste doit aussi fournir et distribuer les bulletins de vote dans toute la France. Impossible pour les petites formations, comme pour le Parti pirate, par exemple, qui a donc lancé l’opération "Partage ta ramette",  pour que les militants impriment leurs bulletins de vote. "Vu les délais très serrés, nos faibles moyens et l’utilisation de papier 70 grammes, qui est beaucoup plus rare et difficile à trouver, on n’a pas pu alimenter les préfectures", explique Pierre Beyssac, numéro 4 sur la liste.

Il faudrait 270 000 euros pour imprimer des bulletins pour toute le France, et encore, en desservant uniquement les bureaux de vote.

Pierre Beyssac, candidat de la liste Pirate

à franceinfo

Pour les petits partis, la campagne sera donc numérique ou ne sera pas, ce que déplore Hélène Thouy, qui mène la liste Animaliste et qui dénonce une inégalité démocratique. "On nous dit que nous sommes crédités de peu, mais c’est un peu le serpent qui se mord la queue, parce que c’est pareil, plus on vous montre plus vous êtes connu des électeurs, donc potentiellement plus vous avez de chance d’avoir des voix", explique-t-elle.

Moins on vous voit, moins on vous connaît, moins on risque de voter pour vous. C’est d’une évidence absolument claire.

Hélène Thouy, tête de liste du Parti animaliste

à franceinfo

Au-delà de la barre des 5% pour obtenir un eurodéputé à Bruxelles, aucun de ces petites listes ne peut se permettre de faire moins de 3%, sans quoi les dépenses de campagne ne seront pas remboursées par l’Etat.    

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