"Gouvernement provisoire" : "Il y a un certain nombre de règles dans la Constitution qui pourraient permettre que ce type d'expérience puisse fonctionner", analyse Jean-Jacques Urvoas
"Il y a un certain nombre de règles dans la Constitution qui pourraient permettre que ce type d'expérience puisse fonctionner", analyse mercredi 3 juillet sur franceinfo Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice, professeur en droit public à l’université de Bretagne-occidentale. Il répondait à l'idée lancée par Xavier Bertrand de construire un "gouvernement provisoire" pour éviter un blocage à l’Assemblée nationale en cas de majorité relative obtenue par le RN.
franceinfo : Que vous inspire cette idée de gouvernement provisoire ?
Jean-Jacques Urvoas : Ça me rappelle le passé puisque ça a existé sous la IIIe République et ça s'appelait le gouvernement de défense républicaine. C'était en 1899 au moment de l'affaire Dreyfus. Aujourd'hui si on part du principe qu'on ne veut pas de majorité avec le RN, on ne peut pas imaginer que la France soit par exemple sans budget. Alors il faudra bien que ceux qui ne se situent pas dans cette mouvance du RN se posent la question de savoir s'ils peuvent travailler ensemble sur un minimum d'objectifs.
Est-ce que les institutions de la Ve République toléreraient la mise en place d'un gouvernement de ce type ?
Les institutions de la Ve République ont d'énormes défauts mais elles ont une grande qualité, c'est leur souplesse, puisqu'avant que la cohabitation n'existe en 1986 on se demandait si c'était possible et avant que l'alternance n'arrive en 1981, on ne croyait pas que cela soit compatible. Nous sommes dans une situation qui n'est évidemment pas prévue mais il y a un certain nombre de règles dans la Constitution qui pourraient permettre que ce type d'expérience puisse fonctionner. Par exemple, sous la Ve vous n'avez pas besoin de majorité pour gouverner, vous avez besoin qu'il n'y ait pas une opposition majoritaire pour vous y empêcher. Ça prend du temps. Angela Merkel a pris quatre mois pour discuter avec ses partenaires potentiels et bâtir un programme. Justin Trudeau l'a fait au Canada. Il faut du temps, un peu de méthode et ne pas le crier sur tous les toits.
Est-ce que ça veut dire aussi faire beaucoup de concessions à droite comme à gauche ?
Ça veut dire venir à cette discussion sans a priori. Concernant Emmanuel Macron, je pense que le président a du mal à tirer les leçons de ces dernières semaines. Je pense que s'il veut être utile au pays, moins il s'exprimera et mieux ça sera. Il y a deux ans, il n'y avait pas de majorité à l'Assemblée nationale. Que se passe-t-il en juillet 2022 ? Le gouvernement d'Elisabeth Borne mandaté par le président de la République fait comme s'il avait une majorité absolue. Il arrive, il fait une déclaration de politique générale, il dit ce qu'il va faire et essaie une fois de plus de passer en force, sans chercher des espaces de discussions. La base ce sont les résultats des élections de dimanche. Laissons les Français s'exprimer et partons du principe que ce qu'ils ont souhaité doit se traduire dans les faits et analysons leur volonté à partir de dimanche soir.
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