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Immigration en Europe : cinq images pour bien comprendre Schengen

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des migrants africains sauvés des eaux au large de l'île de Lampedusa (Italie), le 25 octobre 2013. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Dans sa tribune publiée dans "Le Point", Nicolas Sarkozy propose de "suspendre immédiatement Schengen 1 et le remplacer par Schengen 2". Francetv info met les choses en perspective avec cinq illustrations.

Nicolas Sarkozy a fait une apparition remarquée dans la dernière ligne droite de la campagne pour les élections européennes. Dans une tribune publiée jeudi 22 mai par Le Point, l'ancien président fait plusieurs recommandations et plaide, comme il l'avait déjà fait, pour une refondation de l'espace Schengen.

"Nous ne pouvons plus continuer (...) à faire semblant de croire qu'il est encore possible d'accueillir ceux qui le souhaitent, écrit-il. Et de proposer : C'est une évidence qu'il faut suspendre immédiatement Schengen 1 et le remplacer par Schengen 2 auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration." Francetv info propose cinq visualisations pour mieux comprendre la situation.

Les pays de l'espace Schengen

Il compte 26 Etats. Parmi eux, vingt-deux sont des membres de l'Union européenne (UE). En effet, certains partenaires européens n'ont pas signé l'accord : il s'agit du Royaume-Uni et de l'Irlande. D'autres ont signé le texte mais ne sont pas encore membres à part entière de l'espace Schengen. C'est le cas de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Croatie et de Chypre. Enfin, il y a les pays qui ne sont pas membres de l'UE mais qui font partie de Schengen : la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein.

Sur cette carte, les pays en bleu foncé font partie de l'espace Schengen. Ceux en bleu clair doivent y rentrer prochainement.

Les principales portes d'entrée dans l'Union européenne

Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, a dressé une liste de huit passages principaux par lesquels transitent les immigrés illégaux. Ces points de passage sont répartis sur les fronts méditerranéen et oriental de l'UE.

La route la plus tristement connue est la "centre-méditerranéenne". "Cette voie d'accès vise l'île italienne de Lampedusa, située à proximité des côtes tunisiennes et libyennes, mais aussi la Sicile et Malte", a commenté BFMTV, en octobre 2013. Mais la frontière entre la Grèce et la Turquie est historiquement la principale porte d'entrée en Europe. Les principaux points d'entrée sont visibles en rouge sur cette carte.

Malgré son budget conséquent (plus de 93 millions d'euros en 2014, PDF en anglais), Frontex n'empêche pas les navires de fortune de venir s'échouer aux portes de l'Europe. Le site Fortress Europe livre un lourd décompte : près de 20 000 morts depuis vingt ans, au moins 4 000 depuis 2009. Des mesures pour améliorer la situation sont envisageables mais de nombreux migrants viennent de Somalie, de Syrie, de Libye ou encore l'Erythrée. Et il est difficile de travailler avec ces pays pour restreindre l'immigration illégale.

L'immigration irrégulière aux frontières de l'UE

Le nombre de personnes tentant d'entrer illégalement dans l'UE, et qui ont été détectées, a connu une hausse de 48% entre 2012 et 2013. Ce chiffre est donné dans le dernier rapport annuel de l'agence de surveillance des frontières européennes, Frontex (PDF en anglais). Concrètement, "il s'agit du nombre de migrants vus en train de passer illégalement les frontières de l'Union (...) La plupart ont été interceptés et d'autres ne l'ont pas été, mais ils ont été vus par les gardes-frontières", a précisé France info

Dans le détail, il y a eu 107 365 migrants détectés en 2012, contre 72 437 en 2012. La hausse de 48% est avérée. Marine Le Pen, présidente du Front national, s'était empressée de brandir ce chiffre pour évoquer une "Europe passoire". Sauf qu'elle n'a pas précisé que l'année 2012 a été particulièrement calme, et que le chiffre de 2013 est proche de ceux enregistrés en 2009 et 2010.

L'immigration dans Schengen et dans l'UE

Au sein de l'Union européenne, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la France et l'Allemagne font partie des pays qui accueillent le plus d'immigrés. Pourtant, le Royaume-Uni ne fait pas partie de l'espace Schengen.

Cette importante immigration en Grande-Bretagne est dûe à une politique migratoire longtemps favorable. Un dispositif durci par le Premier ministre britannique David Cameron, en 2013. Pourtant, des chercheurs de l'University College London (PDF en anglais) ont souligné que, de l'autre côté de la Manche, les immigrés contribuent plus à la richesse nationale du pays, notamment par leurs impôts, qu'ils ne lui coûtent en prestations sociales.

Et si l'on s'intéresse aux flux migratoires, on constate que l'Irlande, qui ne fait pas partie de Schengen, comme la Grande-Bretagne, a enregistré, en 2011, parmi les mouvements les plus importants de l'UE. Ce chiffre prend en compte l'immigration légale et extra-européenne. Il exclut les étrangers en situation irrégulière et les ressortissants de l'Union européenne.

Les demandes d'asile au sein de l'UE

Entre 2010 et 2011, on a enregistré dans le sud de l'Europe une augmentation de demandes d'asiles de 87%, a rapporté Le Monde, en mars 2012. Des chiffres issus du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. Le mouvement a pris de l'ampleur les années suivantes. "Cela est dû principalement à l'arrivée d'un certain nombre de réfugiés en provenance de Syrie", a expliqué Pierre Henry, directeur de France terre d'asile, à RFI, en octobre 2013.

"La France occupe la deuxième place en matière d'accueil des demandeurs d'asile derrière l'Allemagne en valeur absolue. C'est-à-dire que l'Allemagne accueille plus de demandeurs d'asile que la France, a précisé Pierre Henry. Et d'ajouter une remarque sur le coût de ce phénomène : "La France est, parmi les grands pays d'accueil en Europe, celui qui dépense le moins pour les demandeurs d'asile. L'Angleterre, les Pays-Bas font beaucoup plus."

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