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Au faux procès des Verts pour dire adieu à Cohn-Bendit : "Si j'étais à votre place, je serais triste"

Pour leur dernier meeting de campagne, les écologistes ont organisé un faux procès de "Dany", tout juste retraité. Reportage. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Daniel Cohn-Bendit à la barre de son faux procès pour vente de rêve européen, le 22 mai 2014, lors du dernier meeting des écologistes.  (JOEL SAGET / AFP)

"Accusé Cohn-Bendit, levez-vous !". Les écologistes ont choisi l'humour, jeudi 22 mai, pour leur dernier meeting de campagne avant les élections européennes. Un rendez-vous transformé pour l'occasion en (faux) procès enthousiasmant de l'emblématique fondateur d'Europe Ecologie-les Verts, qui a fait ses adieux au Parlement européen mi-avril.  

Devant les militants rassemblés au gymnase Japy, à Paris, la juge d'un soir de ce procès, Eva Joly, et le président de la Cour, incarné par Pascal Durand, énumèrent les chefs d'accusation reprochés à "Dany" : "trouble à l'ordre établi", "braquage électoral en 2009" ou encore "injures publiques", comme le "Ta gueule" lancé à Martin Schulz ou les insultes à Mélenchon, taxé de "vieille crapule trotskyste stalinienne". Et le pire de tous : avoir incarné l'Europe et vendu du "rêve européen" aux Verts.

Entre les vidéos des meilleures saillies politiques de l'intéressé, Karima Delli, tête de liste dans le Nord, Sandrine Bélier, tête de liste dans l'Est, et Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV, dressent tour à tour le profil psychologique de l'europhile. "Un Européen hystérique, un idéaliste", reconnu "coupable de nous avoir fait entrer dans une Europe trop étroite pour nos rêves"

Nostalgie de la victoire de 2009

Mais derrière les rires, c'est bien pour des adieux émus à cette figure incontournable du Parlement européen que l'ensemble des cadres du parti, dont Emmanuelle Cosse, Cécile Duflot ou encore José Bové, sont réunis. Alors qu'EELV n'est crédité que de 8 à 10% des intentions de vote dans les sondages, la victoire à 16,28% de 2009 est dans toutes les têtes. 

L'émotion monte encore d'un cran lorsque l'ancienne ministre Cécile Duflot, appelée en témoin et connue pour s'être souvent écharpée avec le trublion écolo, a rendu un hommage appuyé à celui "qui voit souvent juste", mais "oublie parfois de dire que [les écologistes] font bien". Hache de guerre enterrée autour de l'hymne européen, repris en chœur par la salle debout. 

"Ce n'était pas moi seulement" 

Après les réquisitions du procureur José Bové, Dany monte à la barre pour assurer sa défense. "La dynamique qu'on a su créer en 2009, ce n'était pas moi seulement", lance-t-il, devant un public pensant pourtant le contraire.

"Quand on dit que je vends du rêve : en 68, je n'ai pas incarné des rêves. Nous avons incarné l'envie d'un monde libre, un avenir (...) Nous avons incarné, c'est ça qu'il faut comprendre", martèle l'ancien leader étudiant, vantant les vertus du rassemblement.

Pas d'au revoir sans une pointe de nostalgie, même teintée d'humour. "Je sais que je vais vous manquer. Si j'étais à votre place, je serais triste", lance Cohn-Bendit. "Mais je vous promets que si vous êtes bons, en 2019, je serai candidat à l'élection directe du président de la Répb... euh, de la Commission européenne !"

Ovation de la salle. Et jugement final plutôt clément : l'accusé d'un soir est seulement condamné à "rester aux côtés de l'écologie".

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