Vendredi et samedi, les huit pays les plus industrialisés de la planète ont tenu sommet au Canada
Ils ont fait le constat que la reprise économique mondiale était encore "fragile", et noté que la crise avait "compromis" certains des objectifs de developpement du Millénaire, selon la déclaration finale.
"Les pays développés comme les pays en développement doivent faire davantage encore", ajoute le texte.
Outre la réduction de la pauvreté extrême de moitié dans le monde d'ici 2015, les objectifs du Millénaire pour le développement, fixés en 2000, consistent à assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement, d'après la déclaration finale des dirigeants du G8 (Etats-Unis, Russie, Japon, Canada, France, Italie, Grande-Bretagne et Allemagne).
Le volet diplomatique du G8
Concernant l'Iran, le G8 a exhorté le pays à un "dialogue transparent" et au respect de l'Etat de droit. L'Iran est soupçonné de vouloir acquérir l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce dont Téhéran se défend.
Les dirigeants du G8 ont aussi condamné la Corée du Nord pour le torpillage en mars d'une corvette sud-coréenne, le Cheonan, qui a fait 46 morts. "Nous condamnons l'attaque qui a entraîné le naufrage du Cheonan" et "exhortons la République populaire démocratique de Corée à s'abstenir de toute attaque ou de toute menace d'hostilité contre la République de Corée". Pyongyang a rejeté toute responsabilité dans la destruction le 26 mars de ce navire. La Corée du Nord est aussi sur la sellette à cause de son programme nucléaire militaire. Des soupçons se développent sur la volonté de ce pays de transmettre une partie de son savoir dans ce domaine à des Etats comme la Birmanie.
Concernant l'Afghanistan, les forces afghanes doivent faire des progrès concrets d'ici cinq ans pour assumer plus de responsabilités afin d'assurer la sécurité de leur pays, ont estimé les pays les plus industrialisés.
Sur le Proche-Orient, les dirigeants du G8 ont jugé que le blocus de Gaza n'était "pas viable" et devait "être changé", appelant "toutes les parties à travailler ensemble" pour "assurer l'aide humanitaire et la circulation des biens commerciaux et des personnes". "Nous regrettons profondément les morts violentes" (neuf) subies par la flottille s'affirmant humanitaire le 31 mai au large de Gaza, précise le texte en se félicitant de la création par Israël d'une "commission publique indépendante pour enquêter sur ces événements, avec une participation internationale".
Le G8 s'est engagé à lutter contre le terrorisme via une "action intégrée et concertée" qui devra bénéficier notamment aux pays ou régions fragiles comme l'Afghanistan, le Pakistan, le Sahel, la Somalie et le Yémen.
Vendredi, invités de Stephen Harper (Canada), les dirigeants Barack Obama (Etats-Unis), Dmitri Medvedev (Russie), Nicolas Sarkozy (France), Angela Merkel (Allemagne), Silvio Berlusconi (Italie), et les deux nouveaux du groupe, Naoto Kan (Japon) et David Cameron (Grande-Bretagne) ont déjeuné et dîner à huis clos à Huntsville, lieu de villégiature de l'Ontario.
Ce G8 a été suivi d'un G20 à Toronto, avec la participation des pays émergents.
Divergence Etats-Unis-Europe sur l'économie
D'emblée, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a mis la pression sur les gouvernements européens pour encourager la reprise économique naissante. Des divisions opposent les deux côtés de l'Atlantique sur la stratégie pour ce faire. Les Américains poussent à la consommation alors que les pays du Vieux continent ont engagé des plans d'austérité budgétaire. "Nous devons agir de concert pour une raison simple: cette crise a prouvé - et les éléments continuent de le démontrer - que nos économies nationales sont inextricablement liées", a souligné d'emblée Barack Obama. "Et la tourmente économique peut facilement se propager", a-t-il averti.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Congrès américain a approuvé un projet de réforme de la régulation financière que le locataire de la Maison blanche devrait faire valoir auprès de ses homologues. Vendredi, son secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a enfoncé le clou en appelant l'Europe à "faire le choix de mettre en oeuvre des réformes et des politiques susceptibles de déboucher sur des taux de croissance plus élevés à l'avenir". Le monde "ne pourra pas dépendre des Etats-Unis autant que dans le passé", a-t-il prévenu, alors que les chiffres de la croissance américaine au premier trimestre ont été revus à la baisse.
Mis au pied du mur, les Européens ont assuré que les politiques d'austérité décidées ces derniers mois en Allemagne, Grande-Bretagne ou France, ne remettaient pas en cause la reprise. Il est "temps de réduire les déficits" et "l'Europe a fait l'expérience de ce que cela signifie d'avoir de trop gros déficits", a expliqué Angela Merkel, dans une allusion aux récentes difficultés de plusieurs pays de l'Union européenne, dont la Grèce, le Portugal et l'Espagne. Et "nous avons besoin d'une croissance qui ne repose pas sur l'endettement mais sur des bases réelles", a-t-elle martelé. Les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas de divergences sur la stratégie à adopter pour préserver la reprise économique mondiale, a assuré de son côté le porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron. Ce dernier, dans une tribune publiée par le quotidien canadien Globe and Mail, a dénigré "les grands salons où l'on cause", espérant plutôt "des résultats pour les gens".
Dans le grand hôtel qui les accueille à 220 km au nord de Toronto et où a été regroupée la presse internationale, les huit chefs d'Etat et de gouvernement devaient être rejoints vendredi après-midi par six chefs d'Etats africains et trois de pays d'Amérique centrale et du sud.
Des mesures pour la santé maternelle et infantile
Les dirigeants de plusieurs pays du G8 réunis au Canada ont annoncé vendredi des contributions, totalisant 5 milliards de dollars, en faveur de la santé maternelle et infantile dans les pays en développement. Ce fonds, baptisé initiative de Muskoka, du nom de la région canadienne qui a accueilli le sommet du G8, a été fortement poussé par Ottawa mais le montant débloqué par le Canada (2,75 milliards de dollars américains sur 5 ans) a été jugé insuffisant par des ONG.
Graphique animé présentant les deux sommets économiques, leurs membres et leurs objectifs respectifs.
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