Un futur concurrent chinois pour Airbus et Boeing
Il y a presque un an jour pour jour, les responsables d'Airbus coupaient le ruban inaugural de leur usine de Tianjin, près de Pékin sur fond d'inquiétude quand aux transferts de technologies. Une autre usine aéronautique a ouvert ses portes hier en Chine. Mais celle-là 100% chinoise. Et dont l'objectif affiché est justement de tailler des croupières aux deux géants de l'aéronautique mondiale, Boeing et Airbus.
La China Commercial Aircraft a vu le jour à Shanghai, avec un capital de départ de 19 milliards de yuan (2,7 milliards de dollars, 1,75 milliards d'euros). Autour de la table de son conseil d'administration, on trouve l'Etat chinois, le gouvernement de Shanghaï et les deux constructeurs aéronautiques chinois, AVIC I et AVIC II, nés de la scission de la société d'Etat China aviation Industry en 1999. La nouvelle entité devrait être en mesure de construire des avions de plus de 150 places d'ici 2020, avec des perspectives florissantes. Le marché chinois est pour le moins porteur, puisque selon les calculs d'Airbus, la flotte commerciale chinoise devrait être multipliée par quatre ou cinq en 20 ans, soit 2.700 à 2.900 avions.
Mais China Commercial Aircraft n'a pas encore de quoi rogner les ailes de ses aînés. L'expérience de la Chine est très limitée en matière de construction aéronautique. AVIC I développe un appareil régional, l'ARJ 21. Mais le vol inaugural, qui devait avoir lieu le mois dernier, a été reporté. Dans ce contexte, Jin Zhuanglong, directeur général de China Commercial Aircraft, n'a pas souhaité donner une date pour le premier vol d'un gros porteur 100% chinois. Mais il a précisé que la collaboration des sociétés étrangères était la bienvenue en matière de technologie.
Mélange des genres
Un appel qui a peut-être de quoi faire dresser quelques antennes du côté d'Airbus. Car les tours de tables d'Airbus Chine et de son nouveau concurrent présentent quelques similitudes. La loi chinoise oblige toute entreprise étrangère qui veut s'implanter à choisir des partenaires chinois. AVIC I, le producteur de l'ARJ 21, est donc à la fois présent dans China Commercial Aircraft et dans la coentreprise montée par Airbus pour son usine de Tianjin, ainsi que son centre de services techniques. Autre partenaire d'Airbus, Hafei Aviation, qui appartient à... AVIC II. Les deux entreprises connaissent bien Airbus puisqu'elles lui fournissent des pièces pour l'A 380, de même qu'à Boeing pour son 787 Dreamliner. Mais le mélange des genres soulève tout de même quelques interrogations. Pour se prémunir des transferts de technologies incontrôlés, Airbus a tenu à rester majoritaire dans sa joint-venture. En espérant que ses 51% soient un rempart efficace.
Grégoire Lecalot
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