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SNCF : un cheminot se plaint d'être payé 5.000 euros ... à ne rien faire

Il ne travaille pas depuis 2003 et touche pourtant 5.000 euros par mois. Ce cheminot, que son statut professionnel protège du licenciement, reproche à la SNCF de l’avoir étiqueté "lanceur d’alerte" et de l’empêcher ainsi de trouver un autre travail. La SNCF de son côté l’accuse de profiter de la situation. En jeu : un demi-million d'euros de dédommagements.
Article rédigé par franceinfo
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  (Geodis est une filiale transport routier du groupe ferroviaire SNCF © MaxPPP)

Victime ou profiteur ? Charles Simon se plaint d’avoir été mis au placard par la SNCF depuis douze ans. Un placard doré : il touche 5.000 euros par mois pour rester chez lui.

Une situation qui court depuis qu'il a dénoncé, en 2003, une fraude aux fausses factures au préjudice de Geodis, la filiale transport du groupe ferroviaire pour lequel il travaillait. Montant du préjudice : 20 millions d’euros

"Depuis 12 ans et demi je suis au placard, à la disposition du président de Geodis, sans affectation et sans job avec un salaire plein tous les mois" Charles Simon, cheminot à la SNCF

Une étiquette de "lanceur d'alerte" lourde à porter

Il est alors convoqué au siège du Geodis et reçu par son président. "Il m’a félicité, m’a remercié de mon travail et de mon courage, de mon engagement...  détaille Charles Simon, avant d’ajouter : et puis on m’a donné un coup de pied au derrière et renvoyé à la maison mère. Dix jours plus tard je suis convoqué à la SNCF, on me dit : vous restez chez vous, on ne vous emmerde pas et vous ne nous emmerdez pas !"

Problème : il est désormais, selon lui, étiqueté à la SNCF " lanceur d’alerte ", une dénomination qui l’empêche de trouver un travail et de mettre fin à cette mise au placard. Comme lorsqu'il postule à cette offre de "responsable de lobbying auprès de la diaspora juive aux Etats-Unis". "A l’époque, le responsable du comité exécutif de la SNCF avait regardé sur Google et avait considéré que ma candidature n’était pas politiquement correcte ".

"Un collaborateur malveillant qui abuse du statut de cheminot " (SNCF)

Mais la SNCF ne l’entend pas de cette oreille. Pour Christophe Piednoël, Charles Simon, diplômé de l’Essec et des Mines est "un collaborateur mal intentionné qui abuse du statut de cheminot et a volontairement fait durer les choses à son profit ". Car ce statut interdit le licenciement. 

"L’inactivité longue durée de Mr Simon est de sa responsabilité : il a lui-même fait en sorte de ne jamais reprendre de poste. Nous lui avons fait plusieurs propositions, d’emplois et de négociations, qu’il a toujours refusées" Christophe Piednoël, SNCF
Son but pour l'entreprise ? Toucher le demi-million d’euros qu’il réclame devant le tribunal des prud’hommes, un dédommagement au nom de son inactivité forcée. En 2011, le cheminot avait déjà attaqué la SNCF, pour faire reconnaître cette situation comme un "préjudice ". Il avait été débouté. 

En septembre prochain, Charles Simon devrait retrouver les rails du travail : la SNCF a décidé de lui octroyer un poste d'office.

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