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Carburants : comment expliquer la nouvelle augmentation des prix dans les stations-service ces derniers jours ?

Les prix à la pompe repartent fortement à la hausse. En cause : la logistique compliquée des livraisons et le contexte géopolitique. Le gouvernement s'interroge aussi sur d'éventuels "profiteurs" de grève. 

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)

Si la difficulté à trouver du carburant ne suffisait pas, les automobilistes sont aussi confrontés à une nouvelle remontée des prix, parfois jusqu'à trois euros le litre de gazole. Cette augmentation est observée depuis plusieurs jours. En moyenne, on est passé de 1,80 euro le litre de gazole à 1,97 euro et de 1,59 euro le sans-plomb à 1,70 euro.

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À Paris, on atteint des niveaux particulièrement hauts. Une station BP affiche 2,43 euros pour le litre de sans-plomb, 2,80 euros pour un litre de gazole chez Avia dans le 7e arrondissement, et même 2,90 euros dans le 16e arrondissement. Plusieurs raisons expliquent cette tendance à la hausse. 

Des raisons logistique et géopolitique

La première raison est d'ordre logistique. Les camions-citerne vont circuler ce week-end, samedi 15 et dimanche 16 octobre, mais la situation ne reviendra pas à la normale tout de suite. "Vous avez des camions qui attendent trois à quatre heures à l'extérieur d'un dépôt pétrolier pour se faire remplir et ensuite aller en station-service. Ce camion, qui d'habitude pourrait faire trois ou quatre stations dans la journée, n'en fait plus qu'une et part souvent de plus loin", explique Francis Pousse, le président de la branche stations-service du syndicat Mobilians.

Sans compter qu'il a fallu aussi, au cours de la semaine dernière, aller chercher des produits raffinés à l'étranger. "Le Bénélux nous a pas mal fourni, par exemple. Si vous allez chercher un camion en Belgique pour approvisionner le nord de Paris, vous avez forcément un allongement du temps de parcours. Parfois, il faut envoyer deux chauffeurs parce qu'il y a des règles en termes de temps, de conduite, et tout ça agit sur le coût, arrivé à la station-service", détaille Francis Pousse. 

En dehors de ces raisons logistiques, il faut aussi regarder du côté de la géopolitique mondiale – et tout ça n'a rien à voir avec les grèves françaises. À commencer par la décision des pays producteurs de prétrole de réduire leur production de deux millions de barils par jour pour le mois de novembre. On n'avait pas vu une telle diminution depuis 2020. Ce qui a eu pour effet de doper les cours : le carburant devient plus rare, et donc plus cher. 

Des prix du carburant qui sont libres

Ces prix qui explosent provoquent la colère du gouvernement qui affiche de gros doutes. Y aurait-il des "profiteurs de grève", comme le dénonçait Olivier Véran il y a trois jours ? Pour en avoir de le cœur net, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, a déclenché des contrôles supplémentaires. La direction de la répression des fraudes annonce plusieurs centaines de vérifications dans des stations depuis le début de la semaine, contre 150 hebdomadaires en moyenne depuis septembre. 

Mais ces opérations pourraient avoir un impact limité. En France, les prix des carburants sont libres, pas comme ceux des cigarettes ou des livres. C'est aux distributeurs de décider. Ainsi, hormis de rares procès verbaux pour réelles tromperies sur les prix, les stations-service qui ne font "qu'exploser" les tarifs ne risquent pas grand-chose. 

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