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Pollution aux particules : à qui la faute ?

Quelles sont les causes de l'épisode de pollution, inédit par son ampleur, qui touche quelques 30 départements et 17 régions de France parfois depuis plusieurs jours consécutifs ? Eléments de réponse ici...  
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Elise Deleve Radio France)

Il existe plusieurs types et plusieurs causes à la pollution
de l'air. L'épisode qui sévit depuis plusieurs jours en Europe et en France
concerne la pollution aux particules fines, ces microparticules, de la taille
du micromètre (µm), c'est-à-dire un million de fois plus petites qu'un mètre et
donc invisibles à l'œil nu.

On distingue deux catégories de ces microparticules, ou plus
exactement deux tailles. Celles inférieures ou égales à 10 µm, appelées PM 10, et
celles inférieures ou égales à 2,5 µm, appelées PM 2,5. En fonction de leur
diamètre, elles n'ont pas le même impact sur notre organisme. Les PM 10
pénètrent dans l'appareil respiratoire mais ne sont pas assez fines pour
atteindre leurs ramifications les plus profondes, contrairement aux PM 2,5 qui
elles peuvent atteindre nos alvéoles.

Les conséquences pour la santé dépendent de plusieurs
facteurs, dont la fréquence et la durée d'exposition, l'âge, les affections
respiratoires ou cardiaques éventuelles déjà présentes. Autant de facteurs qui
rendent les avertissements sanitaires difficilement catégoriques. 

►►► EN
SAVOIR PLUS |
Pollution par les particules dans l'air ambiant - Synthèse et
recommandations pour protéger la santé (Avril 2012)

Le calcul des seuils de concentration, en revanche, est rendu possible de façon assez précise par les capteurs des stations automatiques des organismes chargés de surveiller et d'étudier la qualité de l'air au niveau régional. Les valeurs les plus hautes relevées concernent les PM 10.

Le trafic routier... 25% à 40% responsable

Première pointée du doigt, la voiture n'est pas forcément la
première responsable de cette pollution aux particules fines, et en tout état
de cause elle n'est pas la seule. "En matière de particules, la part
routière est de l'ordre de 15%
", affirme sur France info Christian
Scholly, directeur général adjoint de l'Automobile Club Association. "Ne
nous focalisons pas sur ce qui apparaît comme étant le coupable idéal et qui
serait l'automobile, alors que le secteur résidentiel, le tertiaire, etc, sont
de bien plus gros pourvoyeurs de particules, notamment lors de ces épisodes de
pollution urbaine
", poursuit-il.

Sauf que ce n'est pas si simple. Car la concentration des particules fines varie en fonction des endroits, et force est de constater que là où il y beaucoup de trafic, la concentration est plus forte. "La tendance pour les PM10 (inférieures à 10 µm) et les PM2,5 (inférieures à 2,5 µm) est globalement stable ces dernières années, avec des niveaux largement supérieurs aux valeurs limites à proximité du trafic", souligne ainsi Airparif, chargé du contrôle de la qualité de l'air en région parisienne. 

"La valeur limite est respectée loins du trafic" (Airparif)

Et de
poursuivre que "chaque année, entre 2 et 3 millions de Franciliens sont
potentiellement concernés par un risque de dépassement des valeurs limites pour
les PM10. Pour les PM2,5, la valeur limite est respectée loin du trafic mais
pas la valeur cible française sur certaines stations de mesure".

Voitures, deux-roues, bus et camions seraient donc responsables
d'un quart des émissions de particules fines dans l'atmosphère francilien, soit
25%. Mais il s'agit là d'une moyenne. Ainsi, en milieu urbain, le transport
routier, et notamment le diesel, serait à l'origine d'environ 40% des émissions
de particules fines, estimait en 2012 sur France Info Michel Aubier, chef du
service pneumologie à l'hôpital Bichat à Paris.

L'industrie, le chauffage... et la météo font le reste

Les véhicules ne sont pas les seuls à émettre des rejets
directs dans l'atmosphère. En Ile-de-France, "l'industrie rejette un
tiers des particules PM10 émises dans la région, toutes activités
confondues", souligne Airparif. Un quart des émissions de ces particules
proviennent des activités domestiques et en particulier du chauffage, "dont le chauffage au bois", précise l'organisme de surveillance. S'il
est facile de visualiser la pollution autour du 
périphérique parisien aux heures de pointe et des cheminées d'usines, il
est moins évident de s'en rendre compte dans des zones de moindre densité ou
proche du littoral.

Les régions côtières également concernées

Et pourtant, ce vendredi, au même titre que l'Ile-de-France,
la Basse-Normandie mais aussi les quatre départements de Bretagne sont en
alerte à la pollution aux particules fines, où les seuils règlementaires ont
été largement dépassés, notamment à Rennes et Saint-Brieuc. Des particules "principalement
émises par le trafic routier et par des installations de chauffage
(résidentiel, tertiaire)", souligne le portail de l'information
environnementale en Bretagne. Des polluants qui sous l'effet de températures
élevées en journée et froide pendant la nuit restent accrochées au sol et dans
les couches basses de l'atmosphère, le vent ne permettant que de les déplacer
dans ce couloir entre ciel et terre. 

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