Ouverture à la concurrence, pénurie de chauffeurs, conflits sociaux... Ce qui attend Jean Castex à la RATP
Jean Castex s'apprête à prendre les commandes de la RATP. Franceinfo passe en revue les grands chantiers qui attendent l'ancien Premier ministre.
Jean Castex sera bientôt nommé à la tête de la RATP a appris franceinfo auprès de son entourage, confirmant une information du Figaro. Après le feu vert mardi 18 octobre de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l'ex-Premier ministre doit maintenant être auditionné par les commissions parlementaires, puis par le conseil des ministres. D'ici là, franceinfo se penche sur les grands dossiers du réseau parisien aux 330 lignes et plus de trois millions d'usagers quotidien.
>> Le vrai du faux. Cette photo de Jean Castex dans le métro est-elle vraie ?
Le climat social
La prise de poste se fera d'abord dans un contexte particulier. Jean Castex devra récupérer un réseau de transports en commun laissé orphelin. Sa patronne, Catherine Guillouard, a démissionné en septembre dernier après cinq ans de mandat et son numéro deux, Philippe Martin, est parti à la retraite dans le même temps. L'un des grands chantiers de l'ex-Premier ministre sera de restaurer la paix sociale au sein de l'entreprise, qui connait un climat très tendu.
Les syndicats se montrent sceptiques sur cette nomination. "Compte tenu des dossiers en cours et de la violence avec laquelle les projets sont passés, on voit mal Jean Castex changer son fusil d'épaule, confie Bertrand Dumont, co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP, d'autant que les grandes directives et le timing sont déjà ordonnées." L'intersyndicale de la RATP appelle à une grève le 10 novembre prochain. Un appel qui avait été lancé avant de connaitre le nom du nouveau PDG.
L'ouverture à la concurrence
Jean Castex devra apaiser les mauvais rapports avec Ile-de-France Mobilités (IDFM), présidée par Valérie Pécresse. En septembre dernier, la présidente de la région Ile-de-France et la PDG de la RATP se renvoyaient mutuellement la responsabilité des dysfonctionnements des bus parisiens.Des bus qui sont au cœur d'un tout autre dossier : l'ouverture à la concurrence de la zone centrale de l'agglomération parisienne 1er janvier 2025. La RATP perdra son monopole. Douze lots, dont deux pour Paris (rive droite et rive gauche) vont faire l'objet d'appels d'offres dans le cadre de délégations de service public. En moyenne et grande couronne, lDFM a déjà attribué cinq lots : trois à Keolis (groupe SNCF), un à Transdev et un autre au groupement Lacroix & Savac. Cette ouverture à la concurrence est également souhaitée par l'autorité régionale pour l'exploitation du réseau ferré, selon un calendrier qui doit s'achever avec le métro et les lignes A et B du RER fin 2039.
C'est pour s'adapter à l'ouverture à la concurrence que la RATP a modifié les conditions de travail de ses conducteurs de bus, plus avantageuses que celles en vigueur chez ses concurrents. La nouvelle organisation du temps de travail a provoqué une grève de trois jours, en mai, à l'appel de l'ensemble des synducats.
La pénurie de chauffeurs de bus
L'ouverture à la concurrence des bus provoque la crispation et l'inquiétude chez les chauffeurs, et explique en partie la crise du recrutement. Quelques 4 000 postes sont vacants à ce jour à la RATP, dont 800 chauffeurs de bus. Fin septembre, Valérie Pécresse, avait sommé la régie de présenter un "plan d'action" pour rétablir un trafic normal des bus dans la région, alors qu'un quart du service n'est pas assuré.
Bertrand Dumont, co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP, pointe le manque d'attractivité de l'entreprise et prévient : "Ne serait-ce que sur la préparation à la privatisation, on peut dire qu'on a des jours sombres qui s'annoncent. Que cela soit Jean Castex, ou un autre..."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.