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Incidents en série sur le 787 de Boeing : le "Dreamliner" en question

Alors que le fleuron de la flotte Boeing a connu un énième incident en vol mercredi au Japon, les compagnies aériennes se veulent rassurantes. Une communication en lien avec les enjeux économiques, immenses.
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Une fumée blanche s'échappe d'un compartiment contenant une batterie, forçant le vol de la compagnie japonaise ANA à se dérouter de Tokyo pour finalement se poser sur l'aéroport de Takamatsu, dans le sud du pays. A l'intérieur, 129 passagers et 8 membres d'équipage, dont certains légèrement blessés lors de l'évacuation de l'appareil par les toboggans. L'incident de ce mercredi n'est que le dernier d'une série qui commence à s'allonger. Ce même appareil avait connu en février dernier un problème électrique qui avait forcé la compagnie à annuler un vol.

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Sept incidents en dix jours

La série noire a commencé le lundi 7 janvier, lorsqu'un incendie s'est déclaré à l'atterrissage d'un Boeing 787 de la compagnie Japan Airlines à Boston aux Etats-Unis. Dès le lendemain, une fuite de carburant avait forcé un autre appareil de la compagnie japonaise à retarder son décollage. Depuis, on ne compte plus les incidents survenus sur des vols des compagnies Japan Airlines et All Nippon Airlines (ANA), entre un pare-brise fêlé en plein vol, une fuite d'huile ou encore une surchauffe des batteries.

La conséquence ne s'est pas fait attendre : les deux compagnies aériennes japonaises ont annoncé mercredi qu'elles clouaient au sol leurs 23 Boeing 787.

Dès la semaine dernière, l'aviation civile américaine (FAA) avait annoncé l'ouverture d'une enquête approfondie, après l'intervention du secrétaire américain aux Transports Ray LaHood :

"Nous sommes préoccupés par les récents incidents impliquant le Boeing 787 [...] Mais cet avion est sûr".

Une déclaration en forme d'exercice d'équilibriste : l'enquête doit se pencher sur la conception, la fabrication du dernier-né du géant Boeing, mais aussi après ces multiples incidents sur le fonctionnement des systèmes électriques et des batteries.

Le 787 de Boeing, une histoire semée d'embûches

Concurrent de l'Airbus A380 mais surtout du futur A350 actuellement en développement, en suivant toutefois une stratégie différente (voir encadré), le Boeing 787, le "Dreamliner", aura connu comme son concurrent européen un accouchement difficile.

Son premier vol, prévu en 2007, aura finalement lieu deux ans plus tard, le 15 décembre 2009. Dès l'année suivante, le premier incident survenu en vol retarde un peu plus le calendrier de commercialisation.

Promettant un rendement plus écologique, 20 % de carburant en moins pour une capacité autour des 300 passagers, le Dreamliner est notamment conçu à partir de fibres de carbone, pour plus de légèreté. Il est régulièrement décrit comme un petit bijou de technologie, comprenant notamment des batteries au lithium qui font partie des problèmes récurrents rencontrés par l'appareil.

Le premier appareil, dont le coût unitaire est estimé à environ 200 millions de dollars (environ 150 millions d'euros), sera livré fin 2011 à la compagnie japonaise ANA, soit trois ans et demi après la date initialement prévue. Pourtant, la direction annonçait fièrement à l'époque :

"Nous emmènerons les spectateurs japonais des Jeux Olympiques de Pékin (en 2008) avec le 787".

Aujourd'hui, une cinquantaine d'appareils sont utilisés par des compagnies à travers le monde.

Le Japon, marché-clé pour Boeing

Les compagnies aériennes japonaises ont été les premières à commander des 787 à Boeing. En 2004, All Nippon Airlines a même été la compagnie qui a décidé l'avionneur à lancer la production de son nouveau modèle, grâce à une promesse de commande de 50 unités. A elles deux, les compagnies japonaises ont passé commande de 111 appareils jusqu'en 2012, dont 23 ont déjà été livrés. A titre de comparaison, une seule compagnie américaine exploite des Boeing 787, United Airlines qui compte trois exemplaires.

On comprend mieux pourquoi les incidents à répétition sont de nature à crisper tant les autorités japonaises qu'américaines. Tandis que Boeing ne cesse de rappeler son attachement au marché japonais, les compagnies ANA et Japan Airlines ont misé leur entière stratégie future sur l'exploitation du Dreamliner. A terme, l'ensemble de leur réseau intérieur et international doit être équipé en 787. A la sortie d'une réunion mercredi avec le ministre japonais des Transports, le patron de la compagnie ANA a déclaré :

"Nous ne sommes pas dans une situation qui nous conduirait à changer la stratégie que nous avons mise en oeuvre".

Sans compter que des poids-lourds de l'économie nippone, comme Mitsubishi, Kawasaki ou Fuji produisent un tiers de la production du corps de l'appareil, et 15 % des moteurs.

Officiellement, tout va bien

Le nouvel incident de ce mercredi va sans aucun doute entâcher un peu plus la réputation du Dreamliner. Mais officiellement, les compagnies aériennes réitèrent l'une après l'autre leur confiance en l'appareil.

C'est le cas notamment d'Air France, dont un porte-parole a confirmé la commande de 25 appareils devant être livrés entre 2016 et 2026. Mais aussi de l'Australienne Qantas, qui a dit maintenir sa commande de 15 appareils pour sa filiale Jetstar. C'est aussi le cas de la filiale à bas-coût de Singapore Airlines, Scoot, et de sa commande passée en octobre dernier de 20 appareils pour quelque 4 milliards de dollars. Marque de confiance également de la part de British Airways et sa commande de 24 appareils, ou encore de Norwegian Air qui a elle passé commande d'un seul Dreamliner.

Seul petit accroc pour l'instant à cette unanimité, la décision de l'autorité indienne de l'aviation civile d'attendre un rapport avant de se prononcer sur le maintien ou non au sol de l'unique exemplaire que compte la compagnie Air India.

Quoi qu'il en soit, Boeing, qui a annoncé le 3 janvier dernier un nombre record de 601 avions commerciaux livrés en 2012, va devoir persuader ses clients que le futur passe toujours autant par le Dreamliner, des clients conscients toutefois que toute avancée technologique a connu quelques ratés à ses débuts.

 

 

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