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"J’étais la seule fille dans les hangars donc ça déstabilise" : comment Air France lutte contre le sexisme

Poussées par la loi, nombre d’entreprises ont signé des chartes pour l’égalité professionnelle mais derrière l’affichage, peu mettent des actions en place. Certaines au contraire sont plus investies comme Air France, engagée depuis 20 ans dans cette cause, comme en témoignent ces trois salariées.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une mécanicienne d'Air France à Blagnac en Haute-Garonne (illustration). (SPANI ARNAUD / HEMIS.FR / AFP)

Elles sont trois femmes qui chacune à leur façon font décoller les avions blancs aux dérives tricolores d’Air France. Il y a Magali qui raconte : "Quand j’arrive dans une classe et que je me présente en disant que je fais partie d’Air France, la première réaction c’est : ‘Ah vous êtes hôtesse de l’air !’ Non. Je fais partie de la maintenance. Je répare des avions", explique-t-elle.  

Magali travaille chez Air France depuis 24 ans. Elle a commencé elle avait tout juste 19 ans. "Toute jeune j’arrive, j’étais la seule fille dans les hangars donc ça déstabilise un petit peu ces messieurs, se souvient-elle. Et puis finalement on se fait notre place". 

"On travaille peut-être deux fois plus au départ mais on arrive à faire accepter le fait qu’on soit une femme."

Magali, réparatrice d'avion

à franceinfo

Convaincue que la mixité dans tous les métiers d’une entreprise se joue bien avant d’y entrer, Magali a rejoint les "marraines d’Air France". Elles sont une soixantaine à intervenir notamment dans les collèges et lycées. "Le rôle en tant que marraine, c’est justement de travailler sur le fait de faire tomber des barrières. Il y a vraiment une amélioration, une acceptation et puis finalement une normalité qui est en train de se mettre en place. Par contre, il faut continuer à l’alimenter", avertit Magali.

Un coaching qui "change une vie"

Meriem est rentrée en 2005 à Air France Cargo comme vétérinaire. Elle a adoré organiser pendant 12 ans des transports exceptionnels, des animaux aux collections de prêt-à-porter en passant par des moteurs d’hélicoptères. Et puis est venue l’envie de changer, envie freinée par des barrières mentales. "Je voyais passer des postes qui étaient très intéressants et qui demandaient beaucoup de temps et je me disais ‘je ne vais pas y arriver’ parce que j’avais un enfant en bas âge. La direction des ressources humaines avait détecté en moi un talent. Ils m’ont proposé un coaching et c’est vrai que ce coaching m’a permis de déverrouiller tous ces freins et depuis, ça m’a changé la vie", termine-t-elle dans un éclat de rire.  

Et puis il y a Laetitia Niaudeau, directrice emploi, formation et diversité d’Air France. En plus des dispositifs d’égalité professionnelle, le groupe lutte aussi contre le sexisme en entreprise. "Nous avions jusqu’à présent une charte en la matière et on a désormais un accord pour la prévention des incivilités en entreprise, précise-telle. Il y a bien sûr toute la question du sexisme et du harcèlement, sexuel mais pas que. Dans cet accord, il est prévu un certain nombre de dispositifs en termes de remontées d’informations et bien sûr en termes de sanctions".   

Air France atteint 89 sur 100 à l’index d’égalité professionnelle. Un bon résultat mais inachevé. Par exemple 90 % des pilotes sont encore des hommes, une proportion que la compagnie espère rééquilibrer dans les prochaines années. Magali, Meriem, Laetitia… Toutes trois le savent. Les efforts seront longs et constants pour que l’égalité soit plus qu’un mot dans une devise.  

Comment Air France lutte contre le sexisme : le reportage de Grégoire Lecalot

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