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Les membres du collectif des "gilets jaunes libres" ne se rendront pas à la réunion avec le Premier ministre, prévue mardi

Les défections se sont enchaînées parmi ce collectif, pour protester contre l'inflexibilité du gouvernement et en raison de menaces reçues sur les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo
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Jacline Mouraud, une figure des "gilets jaunes", à Bohal (Morbihan), le 13 novembre 2018. (DAMIEN MEYER / AFP)

"Aucun membre des gilets jaunes libres ne se rendra à Matignon demain", a annoncé lundi 3 décembre Benjamin Cauchy, membre occitan de la dizaine de membres du collectif "gilets jaunes libres", qui a lancé, dans une tribune publiée par Le JDDun appel à être les "porte-parole d'une colère constructive"La réunion à Matignon, prévue mardi entre le Premier ministre et des "gilets jaunes", n'aura finalement pas lieu. Les signataires de la tribune disent avoir reçu trop de menaces. "Tous les signataires de la tribune du JDD ont reçu des menaces et intimidations qui ne garantissent pas leur sécurité. Certains 'gilets jaunes' ont fait savoir qu'ils les empêcheraient d'y aller", a indiqué Benjamin Cauchy.

"Mon intégrité physique est menacée"

"Les menaces, c'est puissance 10. On publie sur Facebook notre adresse, mon ami reçoit des messages, quelqu'un a appelé 'à venir chercher Jacline chez elle', confie Jacline Mouraud, "gilet jaune" du Morbihan, à l'origine d'une vidéo virale contre "la traque aux automobilistes", vue plus de six millions de fois sur Facebook. "J'ai déjà déposé des plaintes la semaine dernière et là, je reconstitue un dossier. J'ai dit à Matignon que mon intégrité physique étant menacée, je ne me déplacerai pas à ce rendez-vous." 

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Cédric Delaire, autre membre de ce collectif, sera lui aussi absent pour les mêmes raisons, comme il l'a déclaré à L'Union. Idem pour Chantal Perrotin, "gilet jaune" en Auvergne-Rhône-Alpes et cosignataire de la tribune. "Matignon c'est annulé pour l'instant, j'ai reçu des menaces implicites sur Facebook, pas des menaces de mort, mais quand même", a-t-elle expliqué à franceinfo. Elle dit faire face à une certaine colère, même dans les rangs des "gilets jaunes" : "Sur Facebook, j'ai vu tourner des commentaires du type 'elle n'est pas légitime, 'd'où sort-t-elle', 'on ne la connaît pas, on ne l'a pas vue sur les barricades...'"

"Je ne souhaite pas être instrumentalisé"

Un sentiment d'insécurité confirmé par Cédric Guémy, cosignataire de la tribune. Le porte-parole en Ile-de-France du mouvement des "gilets jaunes libres" ne se rendra pas non plus à ce rendez-vous, en raison de menaces.

Certains demandent à bloquer Matignon pour qu'on ne puisse pas y aller. Que veulent ces gens-là ? La révolution ? Ils veulent casser les institutions ?

Cédric Guémy

à France Inter

Il juge en outre que cette réunion est inutile. "Nous n'irons pas puisque les ministres ont défini qu'ils ne changeraient pas leur cap", affirme Cédric Guémy. 

"On ira rencontrer [le Premier ministre] quand il sera prêt véritablement à négocier, et non pas seulement à nous faire une leçon de méthodologie", estime lui aussi Benjamin Cauchy, interrogé par franceinfo. Cette figure des "gilets jaunes" en Occitanie "ne souhaite pas être instrumentalisé et être des marionnettes d'une communication politique sans issue". "Depuis ce matin, les députés de LREM expliquent en long, en large et en travers que le gouvernement ne changera pas de cap. En ce sens, il n'est aucunement utile de nous y rendre", développe-t-il. 

David Tan, le chauffeur de taxi nantais choisi pour être dans la délégation qui devait être reçue à Matignon, a pourtant affirmé qu'il comptait s'y rendre, même seul si nécessaire. Reste à voir si, la délégation des "gilets jaunes libres" étant décimée, le rendez-vous sera quand même maintenu. 

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