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Moratoire sur la taxe carburant : "C'est juste pour endormir le monde, ce n'est pas ce qu'on attend", réagit un "gilet jaune"

Alors que le gouvernement envisage un moratoire sur la hausse de la taxe sur les carburants au 1er janvier, la mobilisation des "gilets jaunes" se poursuit en Haute-Loire, près du Puy-en-Velay, où la réponse de Matignon semble très insuffisante.

Article rédigé par franceinfo, Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des "gilets jaunes" au rond-point de Blavozy près du Puy-en-Velay (Haute-Loire) le 4 décembre 2018. (MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

La mobilisation des "gilets jaunes" se poursuit, mardi 4 décembre en Haute-Loire, au rond-point de Blavozy à quelques kilomètres du Puy-en-Velay. L'annonce imminente d'un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants au 1er janvier ne semble pas suffire à calmer leur colère, loin s'en faut.

>> DIRECT. Le gouvernement cède sous la pression des "gilets jaunes"

Une pause sur la hausse des taxes ne change rien pour les manifestants, abrités sous une grande tente de fortune. Roger est au chômage depuis qu'il a perdu son emploi en contrat aidé. "Ce n'est pas ce qu'on attend. Là, c'est juste pour endormir le monde", déclare-t-il. Selon ce manifestant de Haute-Loire, "Emmanuel Macron aurait dû agir plus vite. Il aurait dû le faire dès le départ. Maintenant, au point où ça en est, on attend tout simplement qu'il dégage."

"Tout doit être changé"

Assise sous la tente, Sandra approuve. Cette manifestante a également passé la nuit sur le rond-point. Pour elle aussi, ce moratoire arrive beaucoup trop tard. "Ce que l'on attend, c'est un changement radical du gouvernement, de tous les ministres, d'Emmanuel Macron, lance-t-elle. Tout doit être changé pour recommencer à zéro, sur de bonnes bases parce que cela ne changera rien. On n'y croit plus." 

Ces "gilets jaunes" du rond-point de Blavozy restent déterminés. Tous ont prévu d'aller manifester samedi 8 décembre au Puy-en-Velay, là où des violences ont été commises en marge du rassemblement du 1er décembre. Tous affirment qu'ils n'ont pas participé à l'incendie qui a détruit la préfecture et condamnent ces exactions.

De multiples revendications

Parmi les demandes des manifestants, l’augmentation du smic revient souvent, ainsi que le rétablissement de l’impôt sur la fortune, la hausse des retraites, voire tout à la fois. C’est le pouvoir d’achat qu’il faut restaurer, disent-ils, sinon les violences risquent de se poursuivre, prévient Michel, un retraité mobilisé depuis le premier jour et qui regarde vivre les générations suivantes. "Les jeunes sont complètement désespérés aussi. Les gamins qui font des études n’ont pas dix euros dans la poche. Ils voient bien dans quelles conditions vit leur propre famille", explique-t-il. La situation rappelle au retraité un vécu datant de 50 ans. "Là, on va droit dans le mur, Mai-68", lance Michel.

Une radicalisation redoutée

Un mur que voit aussi venir le préfet de Haute-Loire, Yves Rousset, encore sous le choc après l’incendie et les violences qui ont secoué Le Puy-en-Velay samedi. "Il y a des gens qui se radicalisent. Je ne peux que redouter des violences renouvelées. Nous nous préparons à cela", indique-t-il. Le préfet annonce avoir demandé des renforts. "Ce dont je suis sûr, c’est qu’avec les forces dont je dispose, nous ferons le travail que nous devons faire." Yves Rousset craint désormais une radicalisation du mouvement. Les revendications sont beaucoup plus larges que la seule taxe sur les carburants, confiait-t-il lundi soir.

Avec les annonces du gouvernement, peut-être certains déposeront ils leurs gilets jaunes, mais ce sera sans doute une minorité, tellement cette rupture semble totale entre les dirigeants et ceux qui disent ne plus vouloir être dirigés.     

Les réactions de "gilets jaunes" au moratoire sur la hausse de la taxe sur les carburants : un reportage de Matthieu Mondoloni près du Puy-en-Velay (Haute-Loire)

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