Attaques entre députés, point météo... Soirée sous tension à l'Assemblée nationale lors des débats sur la "loi anti-casseurs"
Les députés socialistes ont défendu en vain une motion de rejet de ce texte qui comporte selon eux un "risque pour la liberté". Elle a été rejetée par 123 voix contre 21. Une motion de LR pour renvoyer le texte en commission a subi le même sort.
La nuit a été tendue dans l'hémicycle. L'Assemblée a entamé, mardi 29 janvier au soir, les débats sur le texte "anticasseurs", qui crée un malaise jusque dans la majorité. Le gouvernement a affiché sa "tolérance zéro contre les violences" face à une gauche dénonçant une "dérive autoritaire" et une droite craignant de rester sur sa faim. Retour sur cette soirée.
La majorité défend un texte "visant à prévenir les violences"
Récusant une loi "de circonstance" et anti-"gilets jaunes", le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a affirmé d'emblée qu'il s'agissait de "stopper les brutes" qui n'écoutent "que leur soif de chaos". Issue des Républicains, cette proposition de loi, soumise à l'examen des députés jusqu'à mercredi avec plus de 200 amendements, avant un vote solennel le 5 février, vise à protéger "les manifestants, les commerçants, les villes et nos forces de l'ordre", a-t-il ajouté.
Après le ministre, la députée LREM Alice Thourot a défendu l'opportunité de cette loi "visant à prévenir les violences", revenant sur les violences commises lors du défilé du 1er-Mai à Paris et des récentes journées de mobilisation des "gilets jaunes", et anticipant les critiques à venir de la droite et de la gauche.
Violences dans la rue le 1er mai, lors de la loi travail ou pendant les mobilisation des Gilets jaunes... @AliceThourot défend l'opportunité de la #PPLAnticasseurs et anticipe les critiques à venir de la droite et de la gauche.#directAN pic.twitter.com/Za2nKW4I0h
— LCP (@LCP) 29 janvier 2019
La motion de rejet des socialistes rejetée
Dans la foulée, les députés socialistes ont défendu en vain une motion de rejet d'un texte qui comporte un "risque pour la liberté", selon l'élue PS de la Sarthe Marietta Karamanli.
#PPLAnticasseurs "Cette loi ne fera rien que l'on puisse déjà, mais qui pourra nuire à la liberté demain", déplore @MKaramanli72.
— LCP (@LCP) 29 janvier 2019
Elle propose le rejet du texte.#directAN pic.twitter.com/uMQTyAdHXN
Cette motion a été rejetée par 123 voix contre 21.
La motion de rejet des Républicains rejetée aussi
Une motion de LR pour renvoyer le texte en commission a subi le même sort. Eric Ciotti a dénoncé la "faiblesse opérationnelle" du texte en l'état, "contrarié par la recherche permanente du compromis" au sein de la majorité, Guillaume Larrivé a mis aussi en garde contre "un exercice d'affichage".
- @GLarrive trace les lignes rouges du groupe Les Républicains sur le contenu de la #PPLAnticasseurs : "Nous tenons à ce que l’interdiction administrative de manifester soit bien consolidée" (article 2)#directAN pic.twitter.com/M3jdpkyYaQ
— LCP (@LCP) 29 janvier 2019
Alexis Corbière, des Insoumis, dénonce "une dérive autoritaire" sous l'œil d'une députée LREM
Les Insoumis, qui entendent monter au créneau comme les socialistes pour faire interdire l'usage des lanceurs de balles de défense (LBD), ont aussi pointé une "dérive autoritaire" par la voix d'Alexis Corbière, sous les exclamations dans l'hémicycle. Le député s'est interrompu, affirmant avoir été "insulté" par une élue LREM debout à ses côtés. Sur les images diffusées par LCP sur Twitter, on voit Véronique Riotton, députée LREM de Haute-Savoie, écouter les débats près du groupe des Insoumis. Le président de séance, Sylvain Waserman (MoDem), est prié par Alexis Corbière de lui demander d'aller se rasseoir "à sa place".
Premières tensions dans l'hémicycle sur le #PPLAnticasseurs : @alexiscorbiere affirme que @CCastaner est dans une "dérive autoritaire".#directAN pic.twitter.com/9qzlXz3wjU
— LCP (@LCP) 29 janvier 2019
Quelle magnifique composition.
— Vincent Glad (@vincentglad) 29 janvier 2019
Extrait de cette vidéo https://t.co/Y44UOFAvfh pic.twitter.com/y5Pe57V49t
Conctacté par franceinfo, Alexis Corbière explique avoir entendu Véronique Riotton dire "mais quelles conneries, ce n'est pas possible" puis, alors qu'elle se tournait vers lui : "Mais qu'est-ce que vous pouvez dire comme conneries !" La députée LREM a, elle assumé, ses propos, mercredi matin, sur Twitter : "Oui, Alexis Corbière dit des 'conneries' quand il qualifie de 'dérive autoritaire' un texte qui protège le droit de manifester".
Oui, @AlexisCorbiere dit des « conneries » quand il qualifie de «dérive autoritaire» un texte qui protège le droit de manifester.
— Véronique Riotton (@V_Riotton) January 30, 2019
Non, je ne le provoque pas quand je reste debout dans l’hémicycle hors champ pour ne pas déranger son intervention en regagnant ma place.
Jean-Luc Mélenchon appelle à la démission de Christophe Castaner
Soulignant le bilan "terrible" des manifestations, Jean-Luc Mélenchon a pour sa part estimé que le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, devait "démissionner". "Nous affrontons le bilan le plus terrible au cours des 60 dernières années. (...) Le cumul des chiffres fait froid dans le dos", a lancé le leader des Insoumis, citant "1 000 blessés" du côté des forces de l'ordre "par un usage aberrant des dispositifs de maintien de l'ordre" et "1 800" blessés du côté des manifestants, lors des journées de mobilisation des "gilets jaunes".
- @JLMelenchon fait le décompte des blessés des dernières semaines :
— LCP (@LCP) 29 janvier 2019
"Nous affrontons le bilan le plus terrible au cours des 60 dernières années. (...) Le cumul des chiffres fait froid dans le dos."#PPLAnticasseurs #directAN pic.twitter.com/S0OF1FIGK5
Le point météo du président de séance en raison de la neige
Vers 23h30, le président de séance, Sylvain Waserman, a fait savoir depuis le perchoir qu'il n'y aurait pas de vote sur des amendements ou articles dans la soirée, en raison des conditions météorologiques "compliquées" avec la tempête Gabriel. Les débats se sont néanmoins poursuivis jusqu'à 1 heure du matin environ. Les députés doivent attaquer mercredi la discussion des amendements après les questions au gouvernement.
Fin de la discussion générale sur la #PPLAnticasseurs.
— LCP (@LCP) 30 janvier 2019
Les députés attaqueront demain la discussion des amendements après les #QAG. #directAN https://t.co/oRjsuqfrdb
Alors qu'une deuxième lecture est prévue au Sénat le 12 mars, un accord avec l'Assemblée sera difficile, ce qui pourrait repousser l'adoption définitive du texte au printemps.
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