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Boeing disparu : les scénarios possibles

Les autorités malaisiennes ont annoncé lundi que le Boeing 777 de la Malaysia Airlines, disparu le 8 mars une heure après son décollage de l'aéroport de Kuala Lumpur, s'était abîmé dans l'océan Indien, ne laissant aucun espoir de retrouver des survivants. Cette affirmation a été étayée par des données techniques et notamment satellitaires. Rien, en revanche, sur les raisons de cette disparition dans les profondeurs. Plusieurs scénarios restent possibles. 
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Richard Wainwright Reuters)

Deux
éléments ont conduit les enquêteurs à la conclusion, certaine, que le vol MH
370 avait terminé sa course dans le Sud de l'océan Indien, quelques heures après
sa disparition des écrans de contrôles. Le premier, c'est le recoupement des
tentatives de connexion du téléphone satellite de l'avion avec des satellites d'Inmarsat (société britannique). D'après ces
recoupements, les tentatives de connexion venaient de cette zone du globe.

La deuxième
indication, c'est la présence de débris repérés par des satellites dans cette même
zone et que les experts américains du NTSB, du BEA français, et de l'AAIB
britannique ont estimé provenir de l'avion.

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Ce que l'on sait

En plus de ces informations révélées
par les satellites, l'enquête a mis en évidence plusieurs autres informations
concernant le vol. On sait notamment que l'avion a brutalement changé de cap, une heure après son décollage de Kuala Lumpur, pour
repartir vers l'Ouest. Ses systèmes de communication ACARS et transpondeurs ont
été volontairement désactivés, à quelques minutes d'intervalle. C'est dans ce
laps de temps que le copilote envoie un dernier message lapidaire "Eh bien,
bonne
nuit
".
Il est 01h19 du matin. Le Boeing quitte
alors l'espace aérien malaisien pour entrer dans l'espace vietnamien. Il disparait
des écrans civils à 01h30.

L'avion vole ensuite pendant plusieurs heures, jusqu'à épuisement de son carburant (il disposait de 8h de vol). On
apprenait mardi qu'il volait encore lorsque la compagnie aérienne a donné l'alerte
sur sa disparition. A bord, en revanche, c'est le silence total. Aucun message ni appel téléphonique n'a été émis par aucun des 239 passagers du
Boeing.

Qu'a-t-il pu se passer à l'intérieur de l'appareil ?

A mesure que l'enquête progresse, le
scénario de l'accident technique entre Kuala Lumpur et Pékin paraît de moins en
moins crédible, "car cet avion a volé pendant des heures et a suivi
ensuite une trajectoire que l'on considère comme à peu près intelligente. Il a
suivi des routes aériennes avant de disparaître et de finalement se perdre
",
souligne Michel Polacco, spécialiste en aéronautique à France info.    

La thèse de l'avion dérouté est
beaucoup plus vraisemblable. La question qui demeure cependant c'est par
qui ? Des terroristes ? Un passager déséquilibré ? Un membre d'équipage
pour des raisons psychologiques ? L'enquête sur les passagers et sur les membres
de l'équipage n'a pour l'instant rien donné de probant. Et puis pourquoi conduire
l'avion dans une zone proche de nulle part en direction de l'Antarctique ?
Pas de revendications. Pas d'annonce d'acte fou sur les fréquences. Et donc
aucune certitude.

Enfin, un scénario possible même si
peu probable, pourrait être que l'avion ait été privé d'équipage, plus
personne dans le cockpit pour des raisons d'asphyxie par exemple.

A la recherche des boites noires

Le seul espoir de percer le mystère semble
limité aux boites noires de l'appareil. "On aura alors les
enregistrements des deux dernières heures de conversation dans le cockpit. On saura
donc s'il n'y avait personne ou s'il y avait des gens qui se battaient ou qui portaient
des messages de folie ou de fanatisme
", explique Michel Polacco. "Et
puis on aura les éléments techniques de l'autre boite noire, qui permettront de
savoir si l'avion était en parfait état, sauf qu'il est arrivé à bout de ses
réserves de carburant, ou bien s'il avait été dégradé par des problèmes
techniques
", poursuit-t-il.

Toute la difficulté, c'est maintenant
de localiser ces boîtes noires dans l'immense zone de
recherche, à quelque 2.500 km au sud-ouest de Perth,
sur la côte occidentale australienne, et dans un océan doté d'une profondeur moyenne
de presque 3.900 mètres. Et le temps presse. Il reste en effet douze jours avant
que ces enregistreurs de vol ne cessent d'émettre. Cela ne veut pas dire qu'au-delà
on ne pourra pas les retrouver, mais ce sera beaucoup plus difficile. "Il
faudra faire des recherches très méticuleuses avec des outils qui existent et
que l'on possède, qui ont été utilisés. On a l'expérience du vol AF 447
",
souligne Michel Polacco. Les boites noires du vol Rio-Paris, avaient été retrouvées
deux ans après l'accident.

Mardi, les recherches pour
retrouver des débris de l'appareil ont été suspendues pour 24 heures en raison
des conditions météorologiques. Mercredi, six navires chinois doivent arriver sur
la zone du dernier point connu, mais les équipements spéciaux pour capter les
signaux des boites noires ne devraient pas être là avant le 5 avril.

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