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Trafic de tabac : internet dans le collimateur des débitants

Le gouvernement a publié vendredi une nouvelle circulaire pour mieux lutter contre le trafic de tabac dans les zones frontalières. Une mesure qui satisfait Pascal Montredon, président de la confédération nationale des buralistes et débitants de tabac. Mais il souhaite que le gouvernement renforce encore davantage les mesures contre ce marché illégal. Entretien.
Article rédigé par franceinfo
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  (Pascal Montredon,président de la confédération nationale des buralistes et des débitants de tabac  © Maxppp)

Concrétement qu'est-ce que cette mesure signifie  ?

Les fumeurs et non fumeurs ne pourront pas revenir avec plus de quatre cartouches sans avoir à se justifier devant les douaniers. C'est une première étape : nous demandons qu'il y ait un véritable gel du prix du tabac.Il y a certains pays où le paquet de tabac est à 17 ou 18 euros, qu'en pensez-vous ?

C'est de la folie. Ce qu'on oublie de dire c'est qu'en Australie,  il y a plus de 30% de marché parallèle. En France, on en est à 25%. On demande à ce que soit mis en place à un véritable plan de lutte contre ce marché parallèle, à commencer par le blocage systématique des sites internet, à faire beaucoup plus de pédagogie envers le public, à augmenter les peines de prison et les sanctions financières des réseaux mafieux. C'est bien, c'est une première mesure, mais il faut aller encore beaucoup plus loin.

Qu'est-ce que le gouvernement peut faire contre les sites de vente de cartouches en ligne ?

Si l'Etat le veut, il a totalement le moyen de bloquer l'accès des sites internet étrangers. Avec le peu d'informations que les consommateurs ont, les Français ont l'impression de ne pas faire de mal, d'être en légalité, mais c'est complètement interdit.

"C'est une première étape" - Interview de Pascal Montredon, président de la Confédération nationale des buralistes et des débitants de tabac
Est-ce que vous demandez toujours le monopole de la vente de cigarettes électroniques ou est-ce que vous avez abandonné l'idée ?

Non, nous n’avons pas abandonné, et d'ailleurs l'Organisation Mondiale de la Santé  va dans ce sens, puisqu'elle rappelle que c'est un produit particulier, qui ne doit pas être vendu aux mineurs, ni utilisé dans les lieux publics. Nous demandons à ce que cette vente soit plus encadrée, contrôlée par l'Etat.

En volume, les ventes de cigarettes ont baissé de 6% pour les six premiers mois de l'année, est-ce que vous avez le sentiment d'être une profession en péril ?

Nous faisons tout ce qui est possible pour rester vivant. Nous sommes en difficulté et nous avons une double peine, parce que nous subissons la crise économique et nous vendons du tabac, un produit tellement décrié. Cette situation le serait moins et la politique de santé publique serait à la hauteur si on s'attaquait à ce marché parallèle. (...) 25% de la consommation en France est achetée sur internet en dehors de nos frontières, sous le manteau où il y a des réseaux mafieux structurés, organisés, qui ont compris qu'ils gagnaient plus d'argent en trafiquant les cigarettes; et lorsqu'ils se font attraper, il y a moins de risques financiers et moins de risques de prison.

Le gouvernement lutte contre le tabagisme pour des raisons de santé publique, est-ce que lorsqu'on est buraliste, on n'a pas des cas de conscience ?

Bien sûr, on ne dira jamais à un consommateur que fumer c'est bon. Mais il faut se poser la bonne question. Si demain il n'y avait plus de buralistes, est-ce qu'on aurait résolu le problème du tabagisme ? Non. Il faut que le tabac soit encadré par l'Etat (...), et (..) il ne faut pas laisser déraper ce marché parallèle.

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