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Tournez manège : un retour – de plus – aux valeurs sûres

Après {Le juste prix, Une famille en or, L’école des fans, La roue de la fortune…} la télévision dépoussière une émission de plus : {Tournez manège} ! Mais la mode du revival – ou comment faire du neuf avec du vieux – dépasse de loin le petit monde de la télé…
Article rédigé par franceinfo
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Tournez manège, le jeu matrimonial emblématique des années 80-90 a refait surface hier soir à 18h25 sur TF1. Une première série de 20 émissions a été mise en boite, soit quatre semaines de programme quotidien sur "la grande chaîne qui baisse". L’audience, justement, décidera de la suite.

Mais le Tournez manège 2009 n’a rien à voir avec son ancêtre (voir nos bonus multimédia ci-dessous). Ou presque. Exit le quartet de "dinosaures" - comme elle le dit elle-même - qui a entouré Evelyne Leclercq pendant huit ans (1985-1993) : Fabienne Egal, Simone Garnier, Charlie Oleg et Jean Amadou ont fait place à Cauet. La mécanique de l’émission a, elle aussi, subi un léger lifting. "Les mœurs ont changé. Avant, c’était le temps des agences matrimoniales", explique le directeur-adjoint des programmes de TF1. "Depuis, il y a eu internet, le speed-dating, (rencontre chronométrée ,ndlr) la façon dont les gens se rencontrent a beaucoup évolué, ajoute Fabrice Bailly.

Du manège original (originel ?), la production n’a donc gardé que la mécanique du dating, la rencontre entre célibataires, suivis dans leurs premiers pas à deux par le téléspectateur jusque dans la face cachée du manège. C’est donc un peu le mariage entre Tournez manège et le Loft.
_ Pour le reste, le décor 2009 est tout aussi kitsch, un gros cœur rouge, du bleu et du rose vif qui dégorgent.

Du neuf fait dans du vieux, censé répondre à l’appétence des téléspectatrices – les fameuses ménagères avec enfant(s) – pour les jeux de rencontre, à une heure d’audience éminemment stratégique. Si Tournez manège a nécessité "dix mois de travail, deux vagues de pilotes et une étude", selon Fabrice Bailly, cela reste un investissement mesuré et qui peut rapporter gros en termes de publicité. Plus gros qu’un jeu totalement nouveau qu’il faudrait installer, et nettement plus gros que du documentaire ou de la fiction qui fragmentent beaucoup plus les audiences.

Voitures, fringues et yaourts

Si la télévision – TF1 en particulier – use et abuse du "revival" ou "vintage" (La roue de la fortune (TF1), Le juste prix (TF1), Une famille en or (TF1), L’école des fans (Gulli)), la tentation du retour aux valeurs sûres n’est pas l’apanage des médias.

Il y a quelques mois, la nouvelle avait créé le buzz : Citroën allait ressortir la mythique DS. Joli coup de com’, mais la marque aux chevrons se contentera en réalité de réutiliser les initiales pour une nouvelle ligne de modèles haut de gamme. Sortiront donc, la DS3, DS4, DS5 etc.
_ Pourtant, il y a plus de 10 ans, VW avait donné le ton en lançant sa New Beetle, une resucée de la Coccinelle de 1938. Trois ans plus tard, le Bavarois BMW ressortait la Mini. En 2007, Fiat fêtait les 50 ans de sa célèbre 500 en sortant une version modernisée de son "pot de yaourt", Et l’an prochain, chez Renault, chacun pourra griffer sa Clio ou sa Twingo aux couleurs de la R8 Gordini, la voiture bleu-pétrole, symbole des années yéyé.

Mais le "vintage" n’est pas né non plus sur les chaînes des constructeurs automobiles. En ces temps de crise et de perte de repères, nombreux sont les secteurs et les marques à renvoyer leurs clients à des références connues et vécues, dans leur enfance ou leur adolescence. Manière de parler au consommateur du sujet qu’il préfère – lui – et de lui montrer que, finalement, il n’a pas vieilli puisque les repères de son enfance sont encore ceux d’aujourd’hui.

Pour les industriels, le bénéfice est double : non-seulement, il vend à moindre frais grâce à une notoriété déjà éprouvée, mais en plus, il entretient son propre mythe et fait de ses vieux modèles des produits avant-gardistes. Si les industriels utilisent assez peu ce filon, la télévision, elle, ne se prive pas. Avec plus ou moins de bon goût et de succès.

Gilles Halais

Actualisation mardi, 9 heures :

Tournez manège réalise un très bon démarrage côté audiences avec 3,6 millions de téléspectateurs et 27,7% de parts de marché sur les 4 ans et plus, 38% sur la fameuse "ménagère" et 37% sur les 15-34 ans.
_ Derrière, La roue de la fortune réalise même son record d'audience depuis la rentrée.

Mais attention, c'est le score d'une "première" de l'émission, hyper médiatisée, il faudra voir sur la longueur si Cauet s'installe à ce niveau d'audience...

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