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Toshiba : la moitié de la direction démissionne

Le PDG du conglomérat industriel japonais a démissionné mardi ainsi que deux de ses prédécesseurs, actuellement vice-président du conseil d’administration et conseil spécial, et cinq membres du conseil d’administration. Selon un rapport indépendant, ils ont sciemment truqué les résultats de l’entreprise pendant plusieurs années.
Article rédigé par franceinfo
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  (Le PDG de Toshiba, Hisao Tanaka, démissionnaire avec cinq autres membres du CA © Reuters/Toru Hanai)

Toshiba est la dixième plus grande entreprise du Japon. Elle produit une gamme très large de produits : des semi-conducteurs aux lave-linge, en passant par des téléviseurs, des ordinateurs, des ascenseurs, des robots et même des réacteurs nucléaires. Or, depuis huit ans, ses comptes étaient falsifiés sous les injonctions de la direction, vient de conclure un comité d’experts indépendant mis en place ce printemps.

"Le comité d'experts a mis au jour le fait que des irrégularités comptables ont été commises continuellement" et "cela a été fait sur des décisions de la direction"

Selon ce rapport, le conglomérat japonais a gonflé artificiellement son bénéfice de plus de 1,13 milliard d’euros (151,8 milliards de yens) sur plusieurs années. Dans ce document consulté par l’AFP, le PDG de l’entreprise, Hisao Tanaka est nommément accusé d’avoir demandé de différer des pertes.

Un bénéfice surévalué pendant huit ans

L’entreprise a attendu la clôture de la bourse de Tokyo pour reconnaître les faits dans un communiqué et de présenter "toutes nos excuses aux actionnaires et investisseurs pour les irrégularités comptables".

En conséquence, le PDG, deux de ses prédécesseurs, actuellement vice-président du conseil d’administration et conseil spécial, et cinq autres administrateurs ont présenté mardi matin leur démission, ce qui correspond à la moitié du conseil d’administration de l’entreprise. C’est l’actuel président de ce conseil, Masashi Muromachi qui doit prendre les commandes du groupe "temporairement".

En cause, la culture d’entreprise japonaise

Au Japon, il n’y a pas de commissaire aux comptes extérieur à l’entreprise. Une lacune souvent montrée du doigt par les investisseurs étrangers qui estiment que les entreprises nippones fonctionnent sans remise en cause externe. Pour remédier à cela, un code de gouvernance a été amendé dernièrement : il prévoit que les entreprises nippones accueillent au moins deux administrateurs indépendants.

En interne, la culture de soumission au chef est très forte dans ce pays : les subordonnés suivent sans rien dire les demandes de leurs supérieurs, même à contre-cœur, ce qui peut expliquer que les différents PDG de Toshiba aient pu demander à leurs comptables de maquiller les comptes.

Que risquent les dirigeants de Toshiba ?

Une enquête des autorités boursières et financières va débuter sous peu. Dans un cas semblable, les anciens dirigeants d’Olympus ont écopé seulement de prison avec sursis. Ils avaient caché pendant 20 ans plus d’un milliard d’euros de pertes.

Les comptes de Toshiba pour 2014/2015 doivent être présentés en septembre, lors d’une assemblée générale extraordinaire qui validera sans doute aussi la nomination d’un nouveau PDG. Le cours de l’action de l’entreprise a perdu un quart de sa valeur en avril, quand l’entreprise a annoncé le lancement de l’audit internet qui vient de rendre ses conclusions.

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