Accord chez PSA à Vesoul : "Renault, Toyota, les fournisseurs, les sous-traitants vont vouloir aussi casser les 35 heures", dénonce la CGT
Jean-Pierre Mercier, le délégué central CGT du groupe PSA, a expliqué, vendredi sur France Bleu Besançon, que la décision de mettre fin aux 35 heures à l'usine de Vesoul (Haute-Saône) ouvrait la brèche aux autres constructeurs.
"Si la direction de PSA arrive à imposer cet accord à PSA Vesoul, le PDG Carlos Tavares va bien sûr essayer de l'imposer à l'ensemble des usines PSA", avance, vendredi 15 juin sur France Bleu Besançon, Jean-Pierre Mercier, après la fin des 35 heures au sein de l'usine de Haute-Saône. Pour le délégué central CGT du groupe PSA, cet accord signé jeudi soir entre la direction et trois syndicats du site de Vesoul est une "honte". La CGT a refusé de signer.
France Bleu Besançon : Travailler plus sans compensation intégrale de salaire, est-ce que cela veut dire que chez PSA Vesoul on travaille gratuitement ?
Jean-Pierre Mercier : Les salariés vont travailler encore plus, gratuitement ! À partir du 1er septembre, si l'accord est appliqué, ils vont travailler 37,45 heures par semaine payées 36 heures, 33 minutes de plus par jour, tous les jours de la semaine, y compris le samedi quand c'est des heures supplémentaires. C'est une véritable attaque de portée nationale. Pour nous, c'est faire sauter le verrou des 35 heures dans un groupe industriel comme PSA, où les actionnaires ont touché 480 millions d'euros de dividendes l'an dernier. Pour nous, c'est véritablement une honte d'avoir signé cet accord avec la direction, car les salariés ne demandent pas à travailler plus longtemps. Ils demandent à être mieux payés, ils demandent à ce que les cadences diminuent, à ce que la charge de travail arrête d'exploser, ils demandent l'embauche des intérimaires et à travailler moins.
Les salariés veulent aussi conserver leur travail. La direction estime que cet accord est gage de la pérennité du site. Pour vous, ce n'est donc pas un argument recevable ?
La pérennité du site, c'est la tarte à la crème. C'est l'argument bateau que les patrons invoquent à chaque fois. M. Tavares, le PDG du groupe, accuse les salariés de Vesoul de ne pas travailler assez, de ne pas être assez compétitifs, c'est quand même fort de café ! PSA et Renault ont été accusés par Mediapart très récemment de s'être entendus illégalement entre eux pour faire monter les prix des pièces détachées, qui transitent par PSA Vesoul. Ils se sont mis en dix ans 1,55 milliard d'euros dans la poche. C'est un secteur qui n'est pas vraiment concurrentiel.
Ils s'entendent entre constructeurs pour faire monter le prix des pièces !
Jean-Pierre Mercierà France Bleu Besançon
Les salariés, ils n'arrêtent pas de travailler, de plus en plus, parce qu'ils sont de moins en moins à à PSA Vesoul. En quelques années, 800 emplois ont été supprimés chez PSA avec une activité qui s'est renforcée. Donc c'est bien le contraire qu'il faut : travailler moins, mais être plus nombreux. Mais la direction a mis dans cet accord qu'il allait y avoir à terme 150 emplois supprimés par an et ça c'est un véritable scandale !
Espérez-vous encore pouvoir contrer la mise en place de cet accord ?
Oui, parce que c'est une chose d'obtenir de la part de trois syndicats une signature sur un bout de papier, sur un coin de table, c'en est une autre pour une direction d'appliquer un accord qui est de toute façon rejeté par les salariés. Une pétition a circulé avec près de 800 signatures sur le site de Vesoul. Sur l'ensemble des sites de PSA, cette pétition lancée par la CGT a recueilli plus de 10 200 signatures de salariés contre les 37,45 heures à Vesoul et pour le maintien des 35 heures sur l'ensemble des sites. Tout le monde est bien conscient que si la direction de PSA arrive à imposer cet accord à PSA Vesoul, le PDG Carlos Tavares va bien sûr essayer de l'imposer à l'ensemble des usines PSA. Et si PSA met le petit doigt dans cette affaire-là, ça veut dire aussi que Renault, Toyota, les fournisseurs, les sous-traitants vont vouloir aussi casser les 35 heures. Il faut que ce qui se passe à Vesoul serve de leçon et d'exemple à tous les salariés du groupe et même au-delà du groupe. Pourquoi la direction de PSA a choisi le site de Vesoul ? C'est parce que les élections professionnelles viennent d'avoir lieu et que la direction a quatre ans devant elle avant que les salariés ne revotent pour tel ou tel syndicat. Toutes les usines PSA vont voter les unes après les autres jusqu'à avril 2019, et il va falloir que tous les salariés se mobilisent concrètement dans les ateliers, dans les usines, pour faire reculer la direction du groupe PSA.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.