Somme : un patron se suicide après la découverte de produits toxiques cachés chez lui
Des fûts contenant des composés cyanurés ont été découverts en début de semaine sous sa terrasse.
"L'Etat m'a tué." C'est le message qu'a adressé François Vasseur juste avant de se donner la mort, jeudi 21 avril, dans son pavillon près d'Abbeville (Somme). Elachrome, son entreprise de 12 personnes basée à Feuquières-en-Vimeu, faisait "l'objet de contrôles de la Dreal (Direction régionale de l'environnement) depuis 2011" pour des soucis de pollution, explique la préfecture dans un communiqué.
Après plusieurs plaintes, l'entreprise a été perquisitionnée lundi, dans le cadre d'une enquête en octobre 2015 pour "rechercher la source de pollutions" au sein du réseau communal des eaux usées. La maison du directeur commercial a subi le même sort et six tonnes de déchets dangereux contenant notamment des composés cyanurés "hautement toxiques" ont été découverts sous la terrasse.
"J'ai merdé !"
"J’ai merdé ! J’ai stocké des bidons (lire ci-dessous) dans mon habitation pour ne pas dépasser la quantité de stockage d’Éclachrome. J’ai voulu, j’ai cru trouver des solutions pour avancer, pour sauvegarder Éclachrome", explique le courrier laissé derrière lui par François Vasseur et dévoilé par Le Courrier Picard. "Cinquante gendarmes, trois agents DREAL, un procureur, un préfet… pour qui ? pour quoi ? Moi pédophile multirécidiviste ? Non moi qui ai pollué un peu par dépit", écrit encore le patron de la TPE.
L'entreprise, qui fabrique des revêtements de pièces métalliques, se trouvait dans une situation financière difficile et sortait d'un plan de sauvegarde, explique le journal local. Elle devait faire face à des dépenses pour la mise aux normes environnementales. "Diriger une TPE de nos jours est devenu très difficile et infernal si l'entreprise est classée" comme maniant des produits dangereux, affirme le gérant dans son dernier message qui évoque un "sacrifice".
La préfecture a mis en place des mesures pour "garantir en urgence la santé tant des habitants que des employés" face à la pollution générée par les produits toxiques découverts. De "très nombreux prélèvements" ont été faits dans les environs pour établir si de tels produits se sont répandus hors du site, explique le communiqué de la préfecture. Le préfet de la Somme, Philippe De Mester, a exprimé sa "tristesse" devant le décès de François Vasseur. Celui-ci avait été auditionné par les enquêteurs, mais n'avait pas été placé en garde à vue pour éviter de "le déstabiliser".
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