Soldes d'hiver : la Fédération nationale de l’habillement espère "arriver un jour à supprimer les soldes"
"On peut imaginer un secteur de la mode qui fonctionne un jour sans soldes", déclare mercredi 11 janvier sur franceinfo, Pierre Talamon, créateur de mode et président de la Fédération nationale de l’habillement qui représente environ 30 000 boutiques indépendantes en France et 78 000 salariés. Il y serait "personnellement" favorable car "on va vers une éthique au niveau de la durabilité du vêtement". Les soldes d'hiver débutent ce mercredi à 8h et jusqu'au mardi 7 février inclus. Une date "trop précoce" estiment environ "60 % des indépendants".
franceinfo : Les magasins de prêt à porter sortent de deux années difficiles à cause de la crise du Covid-19. Il y a, depuis plusieurs mois, cette inflation qui pèse sur le porte-monnaie. Dans ce contexte, qu’attendent les commerçants de ces quatre semaines de soldes ?
Pierre Talamon : La Fédération a lancé un sondage dernièrement et le résultat est assez mitigé : un tiers des adhérents sont confiants, un tiers ne le sont pas et un tiers qui ne se prononce pas. Donc, il est évident que cette période de soldes, au moment où le pouvoir d'achat est en berne, va être importante puisque vous avez encore 70 % des consommateurs qui sont sensibles aux prix.
Les prix qui ont un peu augmenté ces derniers temps. Les ventes d'habillement, pourtant, ont été plutôt bonnes au mois de décembre, mais au prix de rabais consentis notamment par les grandes enseignes, ce qui n'est pas courant à cette période de l'année. Les commerçants ont-ils encore suffisamment de marge pour proposer de fortes réductions ?
Sur la situation du marché textile en France, sur les onze premiers mois de 2022, il y a une augmentation des ventes par rapport à 2021 de 4 %. Mais on reste encore à une baisse de 6,5% par rapport à 2019. Donc, on n'a pas retrouvé le niveau de la période pré-Covid.
Il y a aussi ce qui parasite les soldes, c’est-à-dire les campagnes de promotions à tout-va. Le Black Friday qui est devenu le November Friday ... Cela pose un problème sur le mois décembre.
Pierre Talamonà franceinfo
Le mois de décembre est plutôt positif, mais ce n'est pas le cas de toutes les boutiques de mode, de tous les indépendants. Les chaînes spécialisées s'en sont peut-être mieux sorties.
Est-ce que les soldes restent un bon moyen tout de même de faire revenir les clients en magasin ? Ou finalement les soldes n'ont plus tellement de sens aujourd'hui ?
Il y a deux choses. Déjà, 60 % à peu près des indépendants considèrent que la date est trop précoce, qu'il y a une saisonnalité au niveau des collections qui devrait suivre davantage la saison climatique. Donc, les soldes arrivent trop tôt. Ensuite, il y a une voix qui se fait entendre – et qui est de plus en plus insistante – sur le fait, peut-être, d'arriver un jour à supprimer les soldes. On peut imaginer un secteur de la mode qui fonctionne un jour sans soldes. Personnellement, j’y serais favorable. Maintenant, ça engage la filière et ça engage toute la fédération. On va vers une éthique au niveau de la durabilité du vêtement, une éthique environnementale, humaine. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à cette position. L'avenir est peut-être là parce que le vêtement serait vendu à son juste prix toute l'année et sans avoir à faire de rabais. Et je pense que ce serait profitable à tout le monde. Je suis sûr qu'on y arrivera. C'est le sens de l'histoire.
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