Seine-et-Marne : des salariés d'une usine de papeterie brûlent des stocks de cartes grises pour contester un plan social
"Nous sommes les seuls en France à fabriquer ce papier pour les cartes grises, et les préfectures vont être en pénurie d'ici deux mois", assure Patrice Schaafs, délégué syndical CGT.
Des cartes grises calcinées. En Seine-et-Marne, les salariés d'une usine produisant le papier sécurisé pour les cartes grises de véhicules, liquidée mi-janvier, ont accentué la pression sur l'Etat, lundi 28 janvier. "On continuera à brûler les réserves jusqu'à ce que l'Etat nous garantisse un plan social digne", ont annoncé les salariés.
Pour les 240 salariés d'Arjowiggins Security, ancien "fleuron de la papeterie", les "bobines" sont devenues une "monnaie d'échange". "Nous sommes les seuls en France à fabriquer ce papier pour les cartes grises, et les préfectures vont être en pénurie d'ici deux mois", assure Patrice Schaafs, délégué syndical CGT.
Une bobine brûlée toutes les douze heures
Le 16 janvier, le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé la liquidation de cette entreprise vieille de 400 ans, qui fabriquait, dans le village de Jouy-sur-Morin, des billets de banque pour 120 pays, mais aussi du papier sécurisé pour les cartes grises, passeports ou permis de conduire.
En attendant la fermeture du site, prévue le 30 janvier, des salariés occupent jour et nuit leur usine et veillent sur les stocks à tour de rôle. Toutes les douze heures, une "bobine" de 200 kilos part en fumée, "de quoi fournir un département pendant un an", selon Patrice Schaafs, de la CGT.
Une lettre à Emmanuel Macron
Lundi, à 15 heures, la préfète de Seine-et-Marne, Béatrice Abollivier, s'est rendue à la mairie pour rencontrer une délégation de salariés et d'élus. Une deuxième réunion est prévue mardi à la sous-préfecture de Provins, en présence d'un conseiller de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, "pour que les salariés soient le mieux traités possible", a indiqué la préfecture à l'AFP.
La sénatrice LR Anne Chain-Larché a écrit, lundi, au président de la République, pour lui demander "d'intervenir personnellement" pour "sauver l'entreprise" qui "était encore il y a deux ans leader mondial dans la fabrication des papiers fiduciaires et papiers sécurisés".
Le maire du village de 2 100 habitants, lui-même resté sur le carreau après la fermeture d'une usine voisine, veut croire à une reprise. "C'est un fleuron de la papeterie, il faut le sauver. Bien sûr qu'on y croit, c'est fort possible qu'il y ait un repreneur", estime Luc Neirynck, qui "soutient les salariés depuis le début".
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