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Retraites : la "gréviculture nous pose un vrai problème de survie", dénonce la CPME Île-de-France

Le président de la CPME Île-de-France Bernard Cohen-Hadad réclame dimanche sur franceinfo "service minimum" dans les transports les jours de grève pour que les "collaborateurs puissent venir travailler".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Grève dans les transports contre la réforme des retraites, à Paris, le 31 janvier 2023. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

"Cette gréviculture nous pose un vrai problème de survie", a dénoncé dimanche 5 mars sur franceinfo Bernard Cohen-Hadad, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises Île-de-France (CPME) alors que la France se prépare à un mardi noir dans les transports, journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites. "Je suis assez inquiet, alors que nos entreprises sont déjà endettées", souligne-t-il. Il appelle a un "aménagement de la loi sur le service minimum" et au lancement "des états généraux de la vie démocratique et la sécurité économique" pour "limiter les conséquences néfastes de ces jours de grève".

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franceinfo : Quel est votre regard d'entrepreneur sur ces blocages qui s'annoncent ?

Bernard Cohen-Hadad : Je suis assez inquiet. On parle de grèves reconductibles. On parle de mettre à genoux l'économie. C'est extrêmement grave pour nous en Île-de-France. Les transports vont être complètement neutralisés sauf les lignes automatiques. C'est assez problématique alors que nos entreprises sont déjà endettées. On a déjà atteint le maximum d'endettement. On a des Prêts garantis par l'État (PGE), on a des dettes Urssaf, on a des dettes sociales, on a des loyers qui augmentent, des assurances qui augmentent. On a des clients qui ne viennent plus dans nos établissements. Nos collaborateurs ne peuvent même pas venir travailler ces jours de grève. Cette "gréviculture" nous pose un vrai problème de survie. C'est assez pathétique parce qu'on a l'impression de se retrouver bien seuls.

Ce mouvement de grève a été annoncé depuis plusieurs semaines. Ce n'est pas suffisant pour vous préparer ?  

Quand vous êtes une activité, par exemple, de boulangerie, de boucherie ou de cordonnerie et que vous êtes situés près d'entreprises de service qui sont télétravaillables, ce jour-là, c'est une journée morte. Les salariés qui doivent venir travailler restent chez eux. Ils ne font pas leurs emplettes près de leur travail. Ils ne font pas forcément leurs emplettes autour de chez eux. Ils font leur commande sur le web. C'est une perte sèche. Ce qu'on aimerait, c'est au moins qu'il y ait un service minimum qui soit un peu plus respecté, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Les PME seront tolérantes avec les salariés qui ne pourront pas se rendre à leur travail ?

Ce n'est pas de la tolérance face aux jours de grève, c'est de la solidarité. Que ce soit vis-à-vis de nos collaborateurs, vis-à-vis de nos entrepreneurs qui n'habitent pas toujours dans la grande capitale et puis aussi vis-à-vis de nos clients. On appelle à la solidarité. On fait ce qu'on peut, le mieux possible. On essaie de partager le meilleur et pour l'instant, on partage le pire parce que c'est difficile, ce n'est pas très bon pour le pouvoir d'achat et ça n'est pas très bon non plus pour les résultats du chiffre d'affaires et donc pour les marges. On a de l'information à faire passer et une capacité de dire qu'on espère que ça ira mieux demain pour la liberté du commerce et de l'industrie, pour la liberté d'aller et de venir et pour une société un peu plus apaisée.

Les confinements ont eu cet avantage de changer une partie de nos usages et notre façon de travailler. Avez-vous des conseils à donner pour traverser au mieux ces grèves ?

La Covid a créé une bulle d'air qui est le télétravail. On est pour le télétravail quand c'est possible. Aujourd'hui en Île-de-France, il y a 1 300 000 entreprises, 80% de services et parmi ces 80% d'activités de service, seulement 40% sont télétravaillables. On demande un aménagement de la loi sur le service minimum. J'aimerais que Monsieur Beaune réponde au courrier qu'on lui a envoyé il y a maintenant un mois pour faire en sorte que l'on améliore le service minimum dans les transports. Et peut-être qu'on pourrait lancer aussi des états généraux de la vie démocratique et de la sécurité économique pour qu'on puisse parler ensemble de comment on peut limiter les conséquences néfastes de ces jours de grève pour nos entreprises.

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