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Réforme des retraites : Force ouvrière dénonce "le désengagement financier de l'État employeur"

Philippe Pihet est à la table du ministère des Solidarités depuis mercredi matin. Le secrétaire confédéral de Force Ouvrière participe à la concertation sur la réforme des retraites et s'inquiète. Pour lui, c'est "la population salariée qui aurait le plus à perdre".

Article rédigé par franceinfo
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Autour de la ministre de la Santé, l'ensemble des organisations syndicales et patronales ont été invité pour un premier bilan de la concertation sur la réforme des retraites. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

"Le désengagement financier de l'État employeur" se dessine a dénoncé, sur franceinfo, Philippe Pihet, secrétaire confédéral en charge de la retraite et de la prévoyance de Force Ouvrière (FO). La concertation sur la réforme des retraites a repris mercredi 10 octobre au ministère des Solidarités et de la Santé entre le gouvernement, les organisations patronales et les syndicats, sous la houlette du Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye.

Autour de la table, Philippe Pihet a déploré que les syndicats ne fassent que relever les "innombrables contradictions et problèmes" de cette réforme. "Le fameux slogan 'un euro cotisé donne les mêmes droits', n'est pas vrai", a souligné par exemple le négociateur de FO, après avoir "découvert" lors de cette réunion que les indépendants "ne cotiseraient pas à la même hauteur que le reste de la population". Ce qui pénaliserait, selon lui, les salariés.

franceinfo : Etes-vous satisfaits de la tournure des négociations ?

Philippe Pihet : Satisfait, on ne peut pas l'être. On souhaite le maintien des régimes existants. Ce matin, nous avons vu qu'il y a quelques certitudes qui sortent. Cela sera un régime universel, voire unique en points, ce qui va poser énormément de problèmes techniques sur lesquels on reviendra.

Le fait que le régime devienne universel vous pose problème ?

Sous couvert de lisibilité et de justice, on voit qu'il se dessine le désengagement financier de l'État employeur qui profiterait de cette réforme pour supprimer le code des pensions civiles et militaires. Deuxièmement, dans un immense pot commun, on retrouverait les salariés du public, du privé et des indépendants avec des problématiques sur les minimums. On vient de découvrir que les indépendants ne cotiseraient pas à la même hauteur que le reste de la population. S'ils ont le même minimum servi à la fin, le fameux slogan, 'un euro cotisé donne les mêmes droits', n'est pas vrai. C'est la population salariée qui aurait le plus à perdre, et dans cette population salariée, la fonction publique aura évidemment beaucoup à perdre, puisqu'on passerait sur toute la carrière au lieu des six derniers mois.

Le système de calcul par points pose-t-il problème ?

Le système de calcul par points, quand il est en complémentaire, ne nous pose pas de problème. Mais c'est un complément par rapport à une base qui est très solidaire. On sait que le système par points est par définition beaucoup plus contributif. Il gomme beaucoup moins les accidents de carrière. Sous couvert de justice encore, il va y avoir un report sur la retraite des injustices qu'auront subies les salariés et particulièrement les salariées pendant toute leur vie active.

Il y a des marges de manœuvre selon vous ?

Il n'y en a pas. On ne négocie pas avec le gouvernement, on est concerté. Ce qu'on fait nous, c'est qu'on apporte les contradictions et on soulève les problèmes qui sont innombrables pour passer de 42 régimes à un seul régime. Il semblerait qu'on ait été entendu. La transition entre ces 42 régimes et ce régime serait très longue, de plusieurs années. On a cru comprendre que cela pouvait même être plusieurs dizaines d'années. Mais cela ne changera pas la philosophie du sujet.

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